Un canoë en béton !
Concevoir et construire un canoë en béton : c’est le défi relevé par les étudiants en génie civil d’une cinquantaine d’universités cette année.
En Europe, la régate internationale a lieu les 8 et 9 juin prochain en Allemagne sur le Fühlinger See. Les équipes d’étudiants, issus de la filière génie civil ont à concevoir et construire un canoë en béton avant de naviguer avec. Un défi fou mais qui ne date pas d’hier. La régate de canoë en béton est une tradition à l’origine nord-américaine qui dure depuis 20 ans. D’ailleurs la première barque en ciment armé ne date pas d’hier mais de 1848. On la doit à un ingénieur français Joseph Lambot.
Et pourtant il flotte !
Un canoë en béton peut flotter grâce à la poussée d’Archimède. Cela fonctionne si le poids du volume d’eau déplacé est supérieur au poids du bateau. Evidemment, les étudiants ont dû penser à toutes les contraintes pour construire leur embarcation.
On n’oubliera pas d’ajouter le poids des rameurs. On pensera aussi à la navigabilité. Mieux vaut un profil effilé pour avancer. On réfléchira au risque de chavirage à cause des vagues générées par les autres concurrents. Sans compter la recette du béton dont la base est ciment, sable et granulats….
Un matériau très technique
En dépit de son âge et de son image pas toujours positive, le béton est en effet un matériau qui n’a cessé d’évoluer …Béton texturé, béton lissé, béton coloré, béton lumineux, béton auto nettoyant, béton dépolluant au dioxyde de titane, béton auto-cicatrisant avec des bactéries qui fabriquent de la calcite et bouchent les fissures…. Il est devenu si technique et si performant (songez au viaduc de Millau) que son coût de revient frôle parfois celui de l’or. Pourtant, il conserve un gros défaut: il est polluant dans son processus de fabrication. Et on en consomme beaucoup!
Améliorer son bilan carbone.
Dans le nord de la France, le Laboratoire Génie Civil et Géo Environnement , a développé une voie originale : celle du recyclage de déchets.
Pour alléger le béton et donc utiliser moins de matières premières, on incorpore d’autres matériaux, en l’occurence des déchets à teneur minérale. Ce peut être des sédiments fluviaux, sortis d’un canal qu’on aura curé, du machefer d’incinérateurs d’ordures ménagères, des déchets laitiers.
Le problème c’est que ces déchets ne sont pas anodins. ils contiennent parfois des produits toxiques. Il faut donc vérifier, avant de les incorporer à une matrice, qu’ils ne sont pas écotoxiques, pas nuisibles pour l’environnement. Une fois les questions de réglementations réglées, une fois les aspects techniques maîtrisés, solidité, résistance dans le temps, innocuité, restera l’acceptation de ce béton recyclé mais pas vert.
Peut-être que ça irait mieux avec des déchets végétaux… C’est une autre voie explorée par les scientifiques de Douai. Des résidus de paille ou copeaux de bois. Les résultats sont prometteurs au laboratoire. Il reste à passer à l’échelle industrielle.
Source: France Inter