Uber s’installe en Arabie saoudite

Uber est un véritable phénomène de société en Arabie saoudite, en particulier auprès des femmes qui n’ont pas le droit de conduire. Mais peut-on vraiment parler d’une avancée ? La « bonne nouvelle » n’a pas réjoui les Saoudiennes. Mercredi 1er juin 2016, le fonds souverain saoudien a annoncé avoir investi 3,5 milliards de dollars (environ 3,1 milliards d’euros) dans la société de transport américaine Uber.

L’investissement le plus important réalisé par cette entreprise depuis sa création en 2009. En échange, l’un des gérants du fonds saoudien, Yasir Al Rumayyan, aura son siège… au conseil d’administration de l’application spécialisée dans le transport de personnes. Les femmes, qui représentent plus de 80% des utilisateurs saoudiens de Uber, s’inquiètent de ces tractations sans précédent. Explications.

Les femmes ne peuvent pas conduire en Arabie saoudite. Pour quitter leur domicile, se rendre sur leur lieu de travail ou chez des amis, les Saoudiennes dépendent des hommes. Père, mari, frère ou chauffeur privé les conduisent jusqu’à leur destination. Les taxis traditionnels, elles évitent, ce n’est pas dans leur culture. « Prendre un taxi pour une femme en Arabie saoudite reste quelque chose d’un peu honteux », rappelle un article du Courrier international, publié le 14 juillet 2015.

Alors lorsque les sociétés de transport ont commencé à s’installer et à se populariser, un vent de révolution a légèrement soufflé dans le pays. Uber, arrivé en 2013, est plébiscité par les femmes. Il ne s’agit pas que d’une question économique (une voiture Uber coûte évidemment moins cher qu’une voiture privée). Connaître l’identité du chauffeur les rassure, aussi. Dans la presse américaine, on argue même que l’entreprise a un impact positif sur l’émancipation des Saoudiennes. Et de citer, en décembre 2015, l’événement organisé en partenariat avec Uber par la princesse Remma bint Bandar Al Saud, entrepreneure et défenseure des problématiques de santé. L’objectif était de sensibiliser les femmes au cancer du sein. Près de 10.000 Saoudiennes étaient attendues et, pour l’occasion, Uber avait réservé à la demande de la princesse 2000 véhicules « pour faire en sorte que le plus grand nombre possible de femmes puissent assister à ce moment », peut-on lire sur Fast Company.

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