Réforme du marché du travail en Arabie saoudite
L’Arabie saoudite emploie depuis quelques mois la manière forte pour tenter de remédier au chômage des Saoudiens tout en augmentant sa popularité : expulser en masse les travailleurs immigrés sans papiers. Près d’un million d’entre eux ont déjà quitté le pays. Si l’Arabie saoudite a retenu une leçon des printemps arabes, c’est bien que le chômage, et particulièrement celui des jeunes, est une bombe politique à retardement qui peut exploser à tout moment. Avec un taux officiel de chômage de 12 % parmi les nationaux, qui grimpe à 40 % pour les hommes entre 20 et 24 ans et à 70 % pour les femmes de cette même classe d’âge, le royaume a décidé d’employer la manière forte pour créer de nouveaux emplois pour ses ressortissants. Incapable d’absorber plus de fonctionnaires, il a pris le parti de remplacer les travailleurs expatriés. Tout au moins de donner le signal qu’il entend mettre de l’ordre dans son marché du travail.
Le retour de la « saoudisation »
L’idée est ancienne et les tentatives de nationalisation (« saoudisation ») de la main d’œuvre ont connu diverses fortunes au cours de la dernière décennie. En juin 2011, cependant, le ministère du travail saoudien a lancé un nouveau programme, appelé nitaqat, faisant obligation aux entreprises saoudiennes de plus de dix salariés d’employer un pourcentage fixe de nationaux, sous peine de se voir imposer une sanction financière. Sa mise en œuvre devait devenir effective en 2013.
Depuis fin mars, date à laquelle le ministère du travail a annoncé que ses inspecteurs allaient redoubler d’activité pour vérifier que toutes les entreprises étaient en conformité avec les objectifs du nitaqat — et par là même que tous les travailleurs étrangers étaient en règle avec le système du sponsorship ou kafâla —, un vrai vent de panique souffle sur l’Arabie. Le roi avait accordé une amnistie de trois mois, expirant le 3 juillet 2013, durant laquelle les étrangers sans papiers étaient priés de régulariser leur situation pour éviter des peines d’emprisonnement pouvant atteindre deux ans fermes et des amendes — impossibles à payer pour le commun des immigrés — s’élevant jusqu’à 27 000 dollars. Devant l’ampleur du « sauve-qui-peut » généralisé, le roi Abdallah a dû étendre la période de régularisation de quatre mois, jusqu’au 3 novembre 2013.
Lire la suite sur Orientxxi…