Les investissements de la France au Niger
Le Niger, 4e producteur d’uranium au monde, reste l’un pays les plus pauvres de la planète. La faute à la France dont le président socialiste a, à plusieurs reprises, promis au peuple nigérien de tirer davantage de revenus de sa richesse…Oxfam, une ONG qui compte dans le monde, dénonce un partenariat déséquilibré entre Areva et le Niger, où le géant du nucléaire français extrait près de 40% de son uranium. Alors que les deux pays renégocient le contrat les liant et qui a été toujours marqué par le principe de l’échange inégal, Oxfam estime qu’hormis quelques concessions de forme, le nouveau contrat sera très défavorable à ce pays africain parmi les plus pauvres. Dans son rapport publié vendredi sous le titre explicite : “Areva au Niger : à qui profite l’uranium”, l’ONG illustre l’échange Paris-Niamey par ce constat fort explicite : “En France, une ampoule sur trois est éclairée grâce à l’uranium nigérien.
Au Niger, près de 90% de la population n’a pas accès à l’électricité”. Ce qui en dit long sur un rapport, d’où qu’on l’examine, de type ouvertement néocolonialiste. Oxfam, pour ceux qui n’en sont pas convaincus, poursuit le jeu des comparaisons chiffrées : le chiffre d’affaires d’Areva en 2012 est quatre fois et demi supérieur au budget de l’Etat nigérien (9 milliards d’euros contre 2)! Sans compter le pillage systématique de cette première richesse du peuple nigérien, frappé de famines de façon cyclique. Entre 1971 et 2010, Areva et ses ancêtres, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) et la Cogema, ont extrait 114 346 tonnes d’uranium du Niger. Des chiffres irréfutables, disponibles chez l’Association nucléaire mondiale. Et durant ce pillage systématique, l’État nigérien n’aurait touché qu’au mieux 500 millions d’euros. Des clopinettes, à peine 13% de la valeur de ses exportations totales estimées à 3,5 milliards d’euros, selon une étude de l’ONG néerlandaise Somo. Non seulement Areva paye au- dessous de sa valeur l’uranium qu’elle exploite, par ailleurs, en violation avec les règles élémentaires de la sauvegarde écologique, mais elle s’est octroyée d’importantes exonérations de droits de douane, de TVA et de taxes sur les carburants, avec cela va de soi tout le poids des autorités françaises. Pour arracher les avantages, Areva recourt au service des officiels de la France mais pour justifier son exploitation, elle met en avant le marché. Or, à ce niveau, le prix de l’uranium a flambé, tout le monde le sait. Quoiqu’il en soit, Niamey à qui Paris jure depuis Nicolas Sarkozy de devenir “un modèle de probité”, sait à quoi s’en tenir et cherche à se sortir de la tenaille française. Une concession minière d’importance a d’ores et déjà été attribuée à la Chine et a engagé un bras de fer avec Areva dont le contrat d’exploitation de l’uranium nigérien arrive à terme au 31 décembre 2013.
Cette entreprise, parmi les derniers fleurons de l’économie française, compte sur François Hollande d’autant que l’État français en est actionnaire à plus de 80%. Pour le moment, les discussions, selon des sources de Niamey, ne se déroulent pas dans la transparence et l’équité promis par la présidence française. Tandis que Paris persiste à mettre en avant les relations “historiques”, Niamey rappelle que c’est tout le développement du Niger qui est en jeu, l’uranium représentait plus de 70% des exportations du pays (2010), mais à peine 5,8% de son PIB. Le Niger, dernier État au monde en terme d’indice de développement humain, selon l’ONU, a cruellement besoin de ressources, avait rappelé implicitement son président lors de la libération récente de quatre otages français enlevés par Aqmi et qui travaillaient sur un complexe d’Areva à Arlit.
Par Par : Djamel Bouatta
Source: Liberte algerie