« Le pardon libère l’âme, il fait disparaître la peur. C’est pourquoi le pardon est une arme si puissante »: Nelson Mandela, mort jeudi à Johannesburg, avait résumé, en une phrase devenue mythique, la vision du monde et de l’humanité qui a fait de lui le dirigeant le plus populaire du XXe siècle. AFP
L’Afrique du Sud se préparait au pire hier, réalisant que Nelson Mandela, hospitalisé depuis désormais 17 jours et “toujours dans un état critique”, livrait sans doute son dernier combat, alors que les médias du monde entier affluaient à Pretoria. Nelson Mandela “est toujours dans un état critique à l’hôpital. Les médecins font tout leur possible pour s’assurer de son bien-être et de son confort”, a déclaré hier le chef de l’Etat, Jacob Zuma, devant la presse internationale à Johannesburg. “Je suis allé à l’hôpital hier soir (dimanche, ndlr)(…) vu l’heure, il dormait déjà, nous l’avons vu, nous avons un peu discuté avec les médecins et avec sa femme Graça Machel. Je ne suis pas en mesure de vous donner d’autres détails, je ne suis pas médecin”, a-t-il ajouté lors de ce point de presse prévu de longue date pour évoquer les élections de 2014. Les traits tirés, il a avoué qu’il s’agissait d’“un moment difficile”, tandis que son porte-parole soulignait que la dégradation de la santé de Mandela “doit tous nous faire réfléchir”. Le héros de la lutte contre l’apartheid doit fêter ses 95 ans le 18 juillet. Mais il est victime d’une infection pulmonaire récidivante qui le fait souffrir depuis deux ans et demi et a entraîné son hospitalisation à quatre reprises depuis décembre.
La ministre de la Défense Nosiviwe Mapasi-Nqakula, qui est aussi en charge de la santé des anciens présidents, s’est rendue à son chevet hier matin à Pretoria au Mediclinic Heart Hospital, où Nelson Mandela est aussi veillé jour et nuit par son épouse Graça. Une foule d’anonymes ne cesse de venir lui témoigner son attachement par de touchantes marques de reconnaissance, cartes de vœux, ballons, fleurs. De nombreuses personnes interrogées avouaient accepter que Mandela ne soit pas éternel mais la plupart refusaient pudiquement de le dire aux micros des nombreux médias du monde entier présents devant l’hôpital. “Mon souhait le plus cher était qu’il se rétablisse pour que les prochaines générations puissent voir cet homme qui s’est battu pour nous”, a déclaré à l’AFP Phathani Mbatha. “Malheureusement il n’y a rien que l’on puisse faire sinon prier pour lui et pour les médecins qui l’aident.” Dimanche soir, la Maison-Blanche avait immédiatement réagi en adressant “pensées et prières” vers Pretoria, alors que le président Barack Obama, lui aussi premier président noir de son pays, est attendu vendredi soir en Afrique du Sud.