Cigarette : Une entreprise des Emirats s’installe au Maroc
Emiratie-marocaine pour l’industrie et la distribution, filiale du groupe Al Rashideen International Holding, a obtenu l’autorisation du ministère de l’industrie. Elle a également déposé une demande de licence de distribution. Prévue non loin du port de Tanger Med, l’usine sera spécialisée dans les marques Philip Morris.
La Société marocaine des tabacs (SMT), filiale du groupe Imperial Tobacco, ne détient plus le monopole sur la fabrication de cigarettes au Maroc. L’Emiratie-marocaine pour l’industrie et la distribution (EMID), filiale du groupe Al Rashideen International Holding Company, vient d’avoir l’autorisation du ministère de l’industrie pour installer une unité de production de tabacs. Créée en septembre 2013, cette société construira son usine sur un terrain de 6 ha dans le nord, non loin du port de Tanger Med. Cette usine dont le chantier est ouvert comprendra quatre lignes de production.
Pour le moment, aucune information ne filtre sur les marques qui y seront fabriquées. Cependant, une source proche de l’entreprise confirme que la grande majorité des produits seront destinés à l’export. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle EMID, dont le siège est situé à Rabat, a choisi d’installer son usine dans la région du Nord. De plus, «la matière première utilisée dans la production sera à 100% importée, vu que tous les tabaculteurs du Maroc sont liés par un contrat d’exclusivité à la SMT qui finance leurs campagnes agricoles», ajoute notre source. Concernant les produits qui seront fabriqués dans cette unité, «ils appartiendront a priori au groupe Philip Morris, connu pour sa marque phare Marlboro», confie-t-il. Et pour cause, Al Rashideen International Holding Company se charge de la distribution exclusive des références du tabatier, dont le siège opérationnel est en Suisse, dans plusieurs pays arabes tels que les Emirats Arabes Unis, la Jordanie, le Yémen, l’Egypte et l’Algérie.
La société est déjà très active dans la distribution de produits de grande consommation dans le Royaume
Sur ce même registre, il est important de noter qu’EMID a déposé en octobre dernier, auprès du ministère de l’industrie et du commerce, une demande de la licence de distribution des tabacs manufacturés sur le territoire national. L’entreprise met en avant son expérience en matière de distribution puisque depuis sa création en 2013, elle collabore avec plusieurs opérateurs au Maroc, tels que Samsung, Inglec, L’Oréal… EMID dispose également de vingt centres d’entreposage d’une superficie de plus de 10 000 m2 dispersés dans plusieurs villes (Casablanca, Rabat, Kénitra, Souk Larbaa, Tanger, Tétouan, Fès, Meknès, Taza, Oujda, Settat, Béni-Mellal, Marrakech, Safi, Essaouira, Agadir, Guelmim et Dakhla). A cela s’ajoute son large réseau de débitants, puisque l’entreprise fournit plus de 38 000 points de vente sur tout le territoire national.
Dans le même esprit, elle a déjà entamé l’étape de la signature de contrats avec les bureaux de tabac pour une durée d’une année renouvelable. «Le dossier est actuellement entre les mains de la commission chargée de l’octroi des licences de distribution. La réponse sera donnée d’ici la fin du mois pour que l’entreprise démarre la distribution en début 2015», déclare une source au ministère de tutelle.
Le contrat de distribution qui lie SMT à Philip Morris court jusqu’en décembre 2015
Pour le moment, il reste à connaître les marques de cigarettes que distribuera l’opérateur émirati au Maroc. Car si au niveau de la production, l’entreprise peut fabriquer des références appartenant au groupe Philip Morris, cela n’est pas possible pour la distribution. Et pour cause, le contrat d’exclusivité commerciale qui lie le tabatier à son partenaire la SMT arrivera à échéance en décembre 2015. Du coup, l’entreprise émiratie ne peut reprendre la distribution des produits de Philip Morris qu’à partir de 2016. Autrement, PMI devra payer des dommages et intérêts à son partenaire marocain.
Contactées à ce sujet, les équipes de PMI expliquent «que rien n’est encore fait et que les négociations sont toujours en cours. Pour le moment PMI est toujours en contrat avec la Société marocaine des tabacs et cela jusqu’à fin 2015». Même son de cloche du côté de Roland Chami, DG d’EMID. Cet ex-consultant financier de la Société algéro-émiratie de fabrication de tabac (STAEM), appartenant à hauteur de 25% au groupe Philip Morris, estime qu’il est très tôt pour se prononcer sur ce sujet. De toute façon, les Emiratis ont la possibilité de ramener une nouvelle marque, la lister et la distribuer en attendant la fin du contrat. C’est d’ailleurs le seul moyen qui garantira au groupe suisse la bonne continuité de la distribution de ses produits au Maroc en cas d’un éventuel divorce avec la SMT.
Imane Trari. La Vie éco