Le fonds d’Abu Dhabi et le pétrole
Avec plus de 400 milliards de dollars de capitaux, le fonds Adia fait figure de leader de la région. Pour la Coupe du monde au Brésil, le stade de football de Sao Paulo pourrait bien être rebaptisé Abu Dhabi Stadium. Adia, le fonds souverain de l’émirat, est en effet en pourparlers depuis plusieurs mois pour acquérir et exploiter le nom de l’enceinte sportive pendant une durée de vingt ans. L’opportunité de combiner opération financière et exercice d’autopromotion pour le principal des sept Emirats arabes unis, en ce qu’il concentre 95 % de leurs réserves pétrolières. Son fonds souverain, né en 1976, gère aujourd’hui entre 400 et 450 milliards de dollars.
A l’ombre d’Adia, Adic est le deuxième fonds souverain, mais bien plus modeste, avec autour de 50 milliards de dollars. Il a été lancé plus récemment, en 2007. Doté à son origine de certaines des participations d’Adia ainsi que d’une partie de ses collaborateurs, le fonds est aujourd’hui investi à l’international, tout comme son aîné. Le rendement nominal de long terme du portefeuille d’Adia de 8 % a été obtenu en faisant la part belle aux actions, qui représentent plus de la moitié de ses capitaux, avec un accent mis récemment sur les émergents au détriment des pays développés. Toutefois, Adia ne prend pas des paris spécifiques sur des sociétés, mais décide de miser sur telle Bourse, comme la Corée du Sud, au détriment d’une autre.
Faux pas coûteux
A la différence du fonds qatari, Adia prend rarement des participations stratégiques majeures (supérieures à 5 % de leur capital) dans les sociétés cotées. Sa seule grande participation est celle qu’il avait acquise dans Citigroup en 2007, pour un prix de 7,5 milliards de dollars. Le fonds la regrette amèrement puisqu’elle ne vaut pratiquement plus rien. En outre, le fonds garde un autre bien mauvais souvenir de son incursion dans le monde bancaire. Il avait acquis pour 610 millions de dollars de dette à court terme de Lehman Brothers quelques semaines avant sa faillite. Un faux pas coûteux qui avait suscité des remous en interne. Un an après, Adia avait cette fois volé au secours de son voisin Dubaï, quand ce dernier fut emporté par la bulle immobilière. Double objectif : éviter que les difficultés de Dubaï ne rejaillissent sur la région, et inquiètent les investisseurs, et accroître son influence dans la région en devenant le « chevalier blanc » des fonds du Golfe. A la différence de ces derniers, Adia fait l’effort de publier un rapport annuel depuis 2010, une rareté dans la région où la seule performance des fonds relève le plus souvent du secret d’Etat.
Source: lesechos.fr