Par La Rando

L’Algérie au festival du film de Dubaï

Avec une obstination sans faille, le cinéma algérien se montre dans les grands festivals, comme au 10e Festival de Dubaï, avec les longs métrages de Hakkar Zahzah et d’autres courts métrages. Un bataillon de cinéastes arabes est de retour au Festival du film de Dubaï pour relever le défi face à la machine de la fiction américaine. Le Festival de Dubaï est avant tout organisé cette année pour fêter son dixième anniversaire, une affaire arabe, avec des valeurs sûres comme  Amor Hakkar, Abdenour Zahzah, Mohamed Malas, le cinéaste et écrivain syrien, Hany Abu Assad, le réalisateur palestinien qui a ouvert le festival avec son film Omar, déjà primé à Cannes. Et aussi Rachid Masharaoui, autre talentueux auteur palestinien, Jilali Farhati, cinéaste marocain essentiel qui ne quitte jamais Tanger où il tourne tous ses films, Laïla Marrakchi, jeune Marocaine, qui a fait courir des milliers de spectateurs avec son précédent film Marock qui sentait l’odeur du soufre, et bien d’autres cinéastes arabes du Liban et de la Jordanie…
Rythme très dense de projections, débats, conférences, stars sur le red carpet, le Festival de Dubaï s’annonçait dès le départ comme un grand moment de découvertes, un brillant feu d’artifice d’images.

Avec La Preuve, une délicate histoire sur le thème de la virilité, le fait d’avouer publiquement ou non son impuissance, Amor Hakkar est sur la ligne de départ pour le grand prix (Muhr Award) du Festival de Dubaï. Amor Hakkar s’adonne seul à un travail d’écriture et de mise en scène d’une grande exigence et finit par être sélectionné dans les grands festivals, Locarno, Sundance, Dubaï. Zahzah, de son côté, est en concours dans la section documentaires. Mohamed Malas s’investit beat, comme beaucoup et à tous les stades de la réalisation de ses films. Après le singulier plaisir laissé sur les traces de ses précédents opus, Passion et surtout Ahlam Al Madina (les rêves de la ville), Malas a réussi à concilier fiction et écriture poétique dans son nouveau film intitulé Soullam Ila Dimashq (échelle pour Damas) tourné dans le rude contexte actuel de la situation en Syrie. Soullam Ila Dimashq est un docu-fiction avec des moments de cinéma fantastique et imaginaire.

Dans une belle et vieille demeure du centre-ville de Damas, douze jeunes gens venus de toute la Syrie louent des chambres, comme étudiants ou jeunes employés, quand soudain l’insurrection éclate. C’est un huis clos, un regard sur le passé syrien, sur les années de dictature. C’est une œuvre très réussie, habilement mise en scène. Fortes images à l’appui, Rachid Masharawi revient à Dubaï, après le succès de Laïla Birthday (2007) avec Palestine Stéréo, une chronique décapante de la vie palestinienne, avec de bons acteurs et de grandes envolées d’humour. Désirant émigrer au Canada, deux frères, Sami et Milad (Stéréo), la trentaine, essayent de gagner l’argent du voyage. Ils louent du matériel stéréo et vont jouer dans les mariages. Sans clichés, c’est la vie quotidienne en Palestine avec ses perspectives multiples, complexes, drôles et difficiles à la fois.

Dans Les Secrets de l’oreiller, Jilali Farhati filme le portrait d’une jeune Marocaine qui découvre à la mort de sa mère que celle-ci était une prostituée. Une dure révélation qui lui tombe sur la tête. Toute une vie inavouable, cachée soigneusement et soudain révélée au grand jour. Film noir, particulièrement dramatique dans la lignée d’orgueil et de désespoir qui marque le quotidien de la vie au Maghreb. Cherien Dabis, jeune cinéaste jordano-américaine, est aussi en compétition avec son nouveau film May in the summer. L’héroine retourne chaque été de New York à Amman dans sa famille. Cette fois-ci, c’est la veille de son mariage. Drôle et parfois pathétique chronique urbaine dans la haute société jordanienne, un monde entre deux : la Jordanie et l’Amérique. Il faut encore signaler dans ce bon bouquet de fictions arabes les films du Libanais Mahmoud Hojeij, une première tentative dans le long métrage fiction : Stable, Instable qui se passe à Beyrouth, durant la dernière année de la guerre civile, sept personnages au total à la recherche d’eux-mêmes…

Source: El Watan