Cheikh Al Thani parle du Qatar
En sa qualité de Premier ministre du Qatar, il a investi en Grande-Bretagne et est intervenu dans les Printemps arabes. Dans l’un de ses hôtels de luxe londoniens, il parle de ce qui a fonctionné ou pas. L’un des hommes les plus riches du Qatar et du monde, le cheikh Hamad ben Jassem Al Thani, a été le visage de la frénésie d’achat immobilier à Londres du petit émirat, pour le compte de sa propre famille ou celui de l’État. Quoi que vous évoquiez, il y possède une participation : One Hyde Park, où il conserve un appartement ; Harrods ; le gratte-ciel The Shard (le tesson) ; Chelsea Barracks ; Canary Wharf ; la Bourse de Londres ; les hôtels Berkeley et the Connaught. Il n’est donc pas surprenant que Fera, le restaurant étoilé au guide Michelin où nous nous rencontrons, soit le restaurant du Claridge’s, un hôtel de luxe appartenant à la famille royale du Qatar.
Cela fait trois ans que HBJ, comme il est désigné dans les milieux financiers de Londres, a démissionné de son poste de Premier ministre du Qatar, après l’abdication du cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani en faveur de son fils Tamim. HBJ était si puissant que la seule façon de régner pour le nouvel émir était que son père et le Premier ministre partent.
De 2007 à 2013, HBJ ne fut pas un Premier ministre classique. L’ancien émir disait qu’il dirigeait le pays qui appartenait à HBJ. Ministre des Affaires étrangères pendant deux décennies, poste qu’il garda quand il prit les rênes du gouvernement, HBJ était connu pour son franc-parler et pour passer sans état d’âme d’une politique à une autre. Comme Premier ministre, il profitait également de la force financière de l’État, dirigeant le Qatar Investment Authority (QIA), le fonds souverain de l’émirat, riche de 250 milliards de dollars et à l’origine de beaucoup des offres d’achat du Qatar les plus médiatisées, et se faisant des ennemis par la même occasion.
Récemment, HBJ a dû composer avec des décisions d’un genre différent. Au cœur de la crise financière de 2008, les autorités britanniques ont soumis l’investissement du Qatar dans Barclays à des enquêtes légales et criminelles, bien qu’il n’y ait eu aucun indice qu’HBJ ou le Qatar ait agi illégalement. Son nom est également apparu dans les Panama Papers, qui révèlent qu’une société offshore a géré son super-yacht de 300 millions de dollars amarré à Majorque.
Je suis dirigé vers une table vide près de la fenêtre et assuré que toute la rangée restera inoccupée durant le déjeuner. Je commande de l’eau et attends. Une silhouette haute et imposante entre quelques minutes plus tard, flanquée de deux aides qui disparaissent rapidement, et s’assoit en face de moi.
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