L’Organisation météorologique mondiale (OMM) constate que l’année en cours a toutes ses chances de faire partie des dix années les plus chaudes depuis le début des observations météorologiques. En effet, de janvier à septembre, la température moyenne était d’un degré et demi plus élevée que les indices annuels moyens de la période 1961-1990 (14,2 degrés) prise comme référence.
Michel Jarraud, secrétaire général de l’OMM, a attiré l’attention sur l’augmentation de la concentration dans l’atmosphère de gaz à effet de serre. « Un avenir chaud nous attend ». L’augmentation de la température n’est qu’une des manifestations du changement climatique. Une influence négative sur le cycle d’eau est déjà bien apparente, ce qui s’exprime par des sécheresses, des inondations et des précipitations intenses. Les scientifiques donnent pour l’exemple le typhon Haiyan qui a fait rage aux Philippines.
« À des latitudes tropicales, la température dépasse de plus en plus souvent le niveau critique de 26,6 °C. C’est là qu’apparaissent des tempêtes. L’océan se réchauffait à cause du CO2 que l’on jetait dans l’atmosphère. Il suffit que sa température augmente d’un demi-degré qu’il commencera à, lui-même, rejeter une énorme partie de gaz carbonique dans l’atmosphère. Environ 85 % de tout le gaz carbonique est dissous dans les eaux de l’Océan mondial », note Valeri Zyrianov, chef du laboratoire de l’hydrodynamique de l’Institut des problèmes aquatiques.
Dans la deuxième moitié du XXIe siècle, la chaleur anormale sera un phénomène pratiquement annuel, qui se manifestera sur 60 % de la surface terrestre. La surface de la Terre, soumise à des températures anormalement élevées, va croître environ d’un pour cent par an.
Ce qui ne sera pas brûlé sera noyé. Selon l’ONU, le niveau mondial de la mer augmente de 3,2 millimètres par an, ce qui est deux fois plus que l’année dernière. Récemment, le journalNational Geographica publié les prévisions des changements de l’apparence géographique de la planète. En effet, si, à la suite d’un changement climatique, les glaces polaires fondent, toutes les régions côtières où vit un grand pourcentage de la population mondiale seront inondées. Pratiquement aucune vie ne serait présente dans cette eau, comme il y a trois milliards et demi d’années.
Si nous devions nous retrouver dans les mers anciennes, nous serions dans une « soupe » d’algues et de bactéries. Avec le temps, ces dernières ont évolué jusqu’à des formes complexes. Mais aujourd’hui, il s’agit au contraire d’une transformation inverse d’écosystèmes océaniques complexes (avec des animaux et des chaînes alimentaires complexes) en des systèmes simplifiés marqués par une dominance de microbes et de méduses. Selon Alexeï Karnaoukhov, chercheur en chef de l’Institut de biophysique cellulaire, nous risquons d’inverser le processus d’évolution.
« Les animaux qui s’éteignent ne sont pas ceux qui sont présents partout, mais au contraire ceux qui sont déjà en voie d’extinction. Les espèces marginales ont créé une réserve de stabilité. Lors des changements de conditions climatiques, ce sont eux qui remplissaient les niches écologiques et apportaient une stabilité au système. Par exemple, près de 90 % du gaz carbonique de l’atmosphère sont récupérés par 80 types de planctons. Ces types dépendent fortement de la température et de l’acidité d’eau. Nous ne remarquerons pas leur disparition comme celle des ours polaires ou des morses, dont la sauvegarde est assurée par des organisations entières. Toutefois, les conséquences de la disparition du plancton sont plus graves que celles de la disparition des ours polaires »,affirme-t-il.
Une des principales causes d’épuisement des océans est le gigantesque volume de la pêche. Selon certaines données, depuis 1950, la quantité de grands poissons (thon, marlin, morue et flétan) a diminué de 90 %. Les flottilles de pêche optent désormais pour les petits poissons, comme les sardines, les anchois et les harengs. Ces derniers se nourrissent justement de planctons. Alexeï Karnaoukhov est persuadé que l’élimination d’un maillon important du milieu de la chaîne alimentaire sape tout l’écosystème.
« Les oiseaux disparaîtront en premier, car nombre d’entre eux se nourrissent de poissons. Mais ils peuvent aussi mourir à cause d’un changement de la composition chimique de l’atmosphère. Ils sont plus sensibles aux gaz carboniques que les mammifères »,explique-t-il.
L’activité de l’homme change la composition chimique des mers. L’acidité des eaux augmente, ce qui entraîne une diminution de la quantité de carbonate de calcium : un élément clé des squelettes et des coquilles des coraux, des planctons, des mollusques et de nombreux autres organismes marins. Toutefois, Alexeï Karnaoukhov estime qu’un écosystème océanique primitif n’est pas le pire de ce que l’on pourrait avoir.
« Si nous ne limitons pas notre consommation de ressources naturelles (dont les hydrocarbures), les océans s’évaporeront tout simplement. Ceci arrivera dans 300 ans. La température pourrait changer de plus de 100 degrés. La mer en tant que telle n’existera plus du tout. Le réchauffement climatique arrivera à un stade irréversible, ce sera une catastrophe de l’effet de serre. Notre planète Terre ressemblera à Vénus, où aucune vie à laquelle nous sommes habitués n’est possible », note-t-il.
Autrement dit, il n’est pas si facile de faire fi des problèmes écologiques. Ils commencent à directement influencer la qualité de vie de chaque homme sur la planète. Et plus c’est loin, pire c’est. Admettons que, du point de vue de nombreux scientifiques, les changements climatiques suivent un cycle et un « mécanisme inverse » devrait se déclencher. Mais personne ne peut dire aujourd’hui quand et comment cela se produira et quelles en seront les conséquences.
Source: La voix de la Russie