Abdelmalek Sellal vient d’effectuer une visite au Qatar. Il a parlé aux responsables locaux, signé des contrats et des accords de partenariat… Sur place, le Premier ministre algérien a dû constater les énormes progrès économiques accomplis par le petit émirat pétrolier en seulement quelques années. Un progrès auquel participent activement des élites algériennes dans plusieurs domaines, au moment où, paradoxalement, l’Algérie fait appel à des sociétés et à des compétences étrangères pour réaliser ses propres projets dans des conditions souvent désastreuses : corruption, retards, surcoûts de réalisation…
Parmi les projets emblématiques impliquant des Algériens au Qatar, l’aéroport international de Doha. L’édifice, qui sera inauguré le 1er avril prochain, a coûté plus de 15 milliards de dollars. Cette œuvre, à la fois moderne et inspirée d’une architecture arabo-musulmane, a totalement été conçue par un architecte algérien. Agé de 49 ans et originaire de la wilaya d’Annaba, Farid Boumahdaf est l’architecte en chef du projet. Au téléphone, Farid s’exprime spontanément en arabe algérien. Puis, il propose : « On peut discuter en arabe ou en français. »
Farid travaille pour l’entreprise Aéroports de Paris, qui a remporté le projet de l’aéroport de Doha. Il le reconnaît : ses compétences techniques n’ont pas été le seul critère pour sa désignation à la tête de ce projet. Le fait qu’il soit algérien et arabisant ont aussi joué en sa faveur. « J’ai été choisi parce que je parle les trois langues : arabe, français et anglais. J’ai rencontré deux fois l’émir, le Premier ministre, la famille royale. Le fait d’être algérien était un plus pour moi, dans le sens où ils ne se comportaient pas de la même manière avec moi qu’avec les autres. La facilité du dialogue a renforcé un peu les liens », explique Farid.
Les Qataris, satisfaits du travail de Farid, lui ont donné les pleins pouvoirs pour le projet. L’architecte explique aussi avoir bénéficié de tous les moyens nécessaires pour réussir. « Le client m’a donné tout les pouvoirs sur le projet. C’est-à-dire que personne ne peut prendre une décision sans me consulter. C’est moi qui prends toutes les décisions. Et quand le client n’était pas satisfait, je faisais des présentations et on discutait ensemble sur les choses à améliorer. Je proposais. J’apportais des réponses à chacune de leurs interrogations, et c’est pour ça qu’ils sont très contents aujourd’hui », se réjouit l’architecte.
Content de voir son œuvre achevée, Farid n’oublie pas de rendre hommage à son père, en écrivant son nom sur une sculpture en bronze à l’aéroport. « Je voulais laisser le nom de mon père quelque part. J’ai été invité à signer une sculpture en bronze à l’aéroport avec quelques personnes. C’était un petit cadeau à mon père. Ma vrai œuvre, c’est cela », avoue-t-il avec fierté.
Le Qatar voit les choses en grand. Son nouvel aéroport international, qui remplacera à terme l’actuelle infrastructure, sera agrémenté d’un terminal destiné à accueillir jusqu’à six A 380. La compagnie Qatar Airways, qui fera des lieux son fief, a déjà commandé 5 exemplaires de l’avion européen, et ne nie pas envisager de réaliser d’autres commandes. La construction de l’aéroport de Doha a débuté en 2004 et se prolongera jusqu’en 2050 : avec une telle marge, ses dirigeants comptent bien être capables de s’adapter à toutes les évolutions du secteur. Son ouverture est prévue pour 2012, juste à temps pour la réception des A 380 flambants neufs. Il s’agira du premier aéroport dans le monde à se conformer aux nouvelles règles de taille dictées par les avions d’Airbus.
Nul doute que le futur Boeing 747-8I trouvera lui aussi une petite place au sein de l’immense plate-forme de correspondance de Qatar Airlines. L’aéroport international existant à Doha, a commencé son extension pour l’accueil de plus de 3000 passagers supplémentaires par jour à l’occasion des Jeux Asiatiques de décembre 2006. Actuellement, il reçoit 4.2 millions de passagers par an, dont 90% sont en transit. Le nouvel aéroport sera 3 fois plus grand que l’actuel aéroport.