Système commercial en Algérie
Au-delà de l’analyse factuelle sur la nécessité d’améliorer “l’urbanisme commercial” et celle de réduire les activités informelles visibles, c’est notre système commercial dans son ensemble qu’il faudra réformer car il est fait lui aussi de bric et de broc, à l’instar d’une partie de l’économie algérienne hors hydrocarbures. C’est d’ailleurs à juste titre que le gouverneur de la Banque d’Algérie indiquait récemment, dans sa communication à l’Assemblée nationale populaire (APN), qu’une grande partie de l’inflation était due à un facteur endogène, celui de l’inefficience et de la spéculation observables à grande échelle dans notre système commercial. On aurait dû mettre à profit cette période de transition vers une économie productive hors hydrocarbures pour organiser d’abord nos marchés. Ce chantier de l’organisation et de la régulation des marchés aurait même dû avoir la priorité dans le programme des réformes.
L’économie de marché, sans un minimum d’organisation et de transparence des marchés, est un non-sens. Les seules mesures notables sont des mesures datées et spécifiques prises lors du Ramadhan ou lors des tensions saisonnières dues à des augmentations indécentes de prix et/ou d’indisponibilité souvent entretenue de produits. On a bien vu, à l’épreuve des faits, que les prix n’ont pas été réellement stabilisés à la faveur de ces mesures conjoncturelles. On constate ainsi, de façon récurrente, que lorsque la demande augmente pour un certain nombre de produits agroalimentaires, les stocks s’épuisent et leur reconstitution est mise à profit pour augmenter les marges le long de la chaîne de l’importateur ou du producteur au distributeur final (eaux minérales, pomme de terre etc.). En tant qu’acteurs de transformation de cette situation, les pouvoirs publics ne sont pas les seuls concernés mais disposent, de par la loi, d’un pouvoir d’initiative qu’ils doivent utiliser. Pour ma part, j’estime que le package des réformes commerciales qu’ils doivent conduire peut être décliné en trois actions: assainir, organiser, réguler. D’abord assainir les pratiques commerciales informelles. Les pouvoirs publics ont commencé par traiter le dernier segment apparent mais délicat socialement. Des résultats commencent à apparaître. Mais dans certains cas, de l’avis de certains consommateurs, cette situation est mise à profit par les segments commerciaux en amont, formels ou partiellement formels, pour augmenter les prix. C’est pour cela que les pouvoirs publics doivent remonter le long de la chaîne pour atteindre “les hauteurs dominantes” du commerce informel et partiellement formel en faisant d’abord appliquer les mesures déjà prises au début 2011 en matière de traçabilité et de transparence des transactions commerciales et bancaires.
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