Sept sommets à 20 ans

La jeune Japonaise, Marin Minamiya, raconte avoir dévalé l’Elbrouz (5642 m) pour « attraper [son] avion » le soir même. « Deux jours plus tard, j’étais prête à m’attaquer à l’Everest ». Marin Minamiya, Japonaise de moins de 20 printemps, a encore un défi à relever – la conquête du pôle nord – pour réussir son fou pari : être la plus jeune personne au monde à avoir gravi les «sept sommets» et les deux pôles.

Rien ne prédestinait cette coquette brune à devenir alpiniste : un père dans le commerce international, une enfance passée en Asie (Malaisie, Shanghai et Hong Kong) loin de l’univers de la montagne.

Passion découverte à 13 ans

Mes parents ne sont pas des grimpeurs, raconte-t-elle dans un entretien. « Ma famille était surprise » par ce projet « sorti de nulle part », poursuit Marin, actuellement étudiante en sciences politiques et économiques à l’université de Waseda, dans la capitale nippone, et accessoirement nouvelle ambassadrice d’une grande marque de vêtements japonaise.

Sa passion, elle l’a découverte à l’âge de 13 ans, à l’occasion d’une excursion scolaire.

« J’habitais à Hong Kong à l’époque et mon école était un peu spéciale. Nous avions tous des ordinateurs portables, même à l’heure du déjeuner nous parlions via FaceTime à nos amis situés dans un autre bâtiment », se souvient-elle.

« Autant de beauté dans le monde »

Puis un jour, « nous avons fait l’ascension d’une montagne, et c’était tellement rafraîchissant, c’était tellement nouveau. On communiquait entre nous dans la vraie vie, en utilisant une carte analogique et des boussoles. Je me suis dit : ‘Mon dieu, je ne savais pas qu’il y avait autant de beauté dans le monde' ».

Après ce déclic, cette sportive, qui pratiquait déjà natation, équitation ou encore volley-ball, a enchaîné les voyages au Népal et au Tibet, se hissant à des sommets de 6 000 mètres, avant de se lancer à la conquête de l’Everest (8 848 m). En guise d’entraînement, elle a multiplié les ascensions à travers le monde. « Au final, il s’est avéré que j’avais grimpé la plupart des sept sommets, donc j’ai décidé de continuer ».

51 personnes à avoir réussi cet exploit

Ces points culminants des sept continents, Marin Minamiya les a gravis en un an et demi, de janvier 2015 à juillet 2016, relevant ainsi un défi né dans les années 1980 : l’Aconcagua (Amérique du Sud), le Kilimandjaro (Afrique), le massif Vinson (Antarctique), le mont Kosciuszko (Australie), l’Elbrouz (Europe), l’Everest (Asie) et le Denali (Amérique du Nord).

Prochain objectif : le pôle Nord en avril 2017. « Quand je me trouvais en Antarctique, je suis allé au pôle Sud. Donc si j’y arrive, je serai la plus jeune personne au monde à avoir relevé le défi de l’Explorers Grand Slam », lance-t-elle, tout sourire.

Seulement 51 personnes ont réussi cet exploit depuis le pionnier britannique David Hempleman-Adams en 1998, selon le site internet dédié à ce défi.

Le plus éprouvant ? Le mont Elbrouz

Son expérience la plus éprouvante ? Le mont Elbrouz (5 642 m) en Russie. « Pourtant, c’est censé être le plus facile. Mais c’était en plein hiver, les conditions météo étaient effroyables. J’ai dû attendre le dernier jour pour pouvoir monter, j’ai commencé l’ascension à minuit, je suis arrivée au sommet à 9 heures du matin », avant de dévaler à toute vitesse pour « attraper mon avion » en fin de journée. « Deux jours plus tard, j’étais prête à m’attaquer à l’Everest ».

Marin Minamiya, qui fêtera ses 20 ans le 20 décembre, aime dans l’alpinisme le fait de « dépasser ses limites, combattre ses faiblesses », un sentiment proche de la « méditation ». « Chaque montagne m’a appris une nouvelle leçon et m’a rendue plus forte », confie-t-elle, appelant d’autres jeunes à suivre son exemple. « À plusieurs reprises, des adultes sont venus me voir pour me dissuader, mais peu m’importait, j’étais trop déterminée ».

Et maintenant ? Va-t-elle poursuivre dans cette voie ? « Je fais de l’alpinisme pour le plaisir, c’était un projet de jeunesse, désormais j’ai d’autres envies comme par exemple faire le tour du monde à la voile », dit la jeune fille qui pourtant assure que non, elle n’est pas une « aventurière ».

Source: lalsace.fr