Relations entre la Russie et le monde arabe
Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev vient de déclarer que le président Bachar El-Assad avait trop tardé à mettre en oeuvre des réformes politiques et qu’il s’agissait là d’une erreur qui pourrait lui être « fatale ». Est-ce le début d’une prise de distance avec son allié syrien? Une question qui mérite d’être posé au regard de la longue histoire qu’entretient la Russie avec le monde arabe.
Acteur central du monde arabe durant la guerre froide, l’Union soviétique avait noué des liens idéologiques, partisans ( outre la présence de partis communistes dans des pays comme la Tunisie ou l’Algérie, les Nassériens et les Baassistes établissent un pont entre le panarabisme et le socialisme ) et stratégiques ( les nationalistes arabes se sont alliés au camp soviétique ) avec nombre de pays arabes ( Algérie, Egypte, Irak, Syrie ). Même si ces rapports étaient discontinus ( l’arrivée de Sadate au pouvoir en Egypte en 1970 fait basculer le pays dans le camps occidental ) et différenciés ( l’URSS représentait l’Empire du Mal-impie pour les monarchies du Golfe, alliées stratégiques des Etats-Unis ), l’URSS avait acquise une image « pro-arabe » (altérée par l’intervention en Afghanistan, en 1979) à travers le soutien diplomatique procuré lors de la « Crise du canal de Suez » (1956), mais aussi la fourniture d’armes et la formation militaire préalables à la « guerre des Six jours » (juin 1967) et à la « guerre du Kippour » (1973).
L’affaiblissement de l’URSS a affaibli sa capacité d’influence dans le monde arabe et explique sa passivité durant la crise du Golfe et la guerre contre l’Irak en 1990-1991. Depuis l’effondrement de l’URSS, la Russie s’est appuyée sur cet héritage soviétique pour maintenir ses rapports privilégiés avec certains pays arabes. L’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine (2000) va marquer un renouveau des relations arabo-russes. La lutte contre terrorisme islamiste et le développement des relations commerciales en étaient les principales motivations. Cette stratégie a abouti à la conclusion d’une série d’accords commerciaux ( sur le pétrole, le gaz ), de contrats d’armements et de coopération militaire. La Russie trouve ainsi le moyen de soutenir des alliés stratégiques comme la Syrie et d’exporter son savoir-faire, y compris à des pays comme l’Arabie Saoudite ( Riyad et Moscou ont signé un accord de coopération militaire et technique de plus 336 millions d’euros en juillet 2008 ).
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