Que ramènent les expatriés aux Emirats arabes unis ?
Non, les étrangers qui vivent à Abou Dhabi ne transportent pas des kilos d’équipement de luxe dans leurs bagages, mais souvent des produits introuvables sur place. Lors de mon premier séjour aux Emirats, j’ai remarqué, à l’aéroport, une femme qui, d’après son accent anglais, son léger bronzage et sa quantité impressionnante de valises, avait tout l’air d’une épouse d’expatrié. J’ai tout de suite pensé que les trois valises entassées sur son chariot devaient être pleines de vêtements luxueux – robes Emilio Pucci
pour le jour et somptueuses tenues Vera Wang pour le soir. J’imaginais des équipements de golf et des pantalons de yoga de grandes marques, confectionnés pour des célébrités comme Victoria Beckham et me disais que bientôt, ce serait moi cette séduisante femme d’expatrié qui sillonnerait le monde avec sa vie rangée dans une valise – Louis Vuitton, bien sûr. Je me suis mise à imaginer des soirées autour de la piscine, des brunchs et des réceptions dans des hôtels cinq étoiles. Pour être franche, j’ai même caressé l’idée de porter un jour un diadème. Oui, un diadème.
Pièces automobiles et nourriture pour chat
En quelques mois, j’ai décidé de mettre un terme à ma vie new-yorkaise et de m’installer à Abou Dhabi. Un an plus tard, j’étais la femme de l’aéroport avec une montagne de bagages. Contrairement à ce que j’avais pu imaginer un an plus tôt, mes sacs ne contenaient pas des vêtements de luxe, mais des pièces d’automobile. Si l’on peut se procurer sans problème des robes du soir, voire des diadèmes, à Abou Dhabi, la suspension de notre voiture s’est avérée introuvable dans tout le pays. Mes valises contenaient aussi 72 boîtes de nourriture pour chat, du concentré de bouillon de poulet et de bœuf, ma poêle préférée, ma tasse à café Starbucks grand modèle, mon coupe-légumes bon marché, toute une panoplie de vitamines et de compléments alimentaires, et mes gros chaussons d’hiver molletonnés car, pour moi qui ai toujours les pieds froids, la climatisation est une torture.
Même si les femmes d’expatriés n’en ont aucune idée lors de leur arrivée à Abou Dhabi, telle est la réalité de leur excédent de bagages. Mon mari me dit toujours que je peux trouver tout ce que je veux ici, mais cela n’inclut pas la nourriture préférée de notre chat ni le concentré de bouillon que j’utilise pour faire la cuisine. Et même si je pouvais m’en procurer, je ne pourrais pas cuisiner aussi bien sans ma poêle adorée et mon coupe-légumes. Et même si l’un des objectifs de notre départ de New York était de nous débarrasser de ce qui nous encombrait, il y a des petits riens de la maison qu’on retrouve après avoir goûté à la vie d’expatrié et dont on ne peut plus se passer.
Une vie pleine de souvenirs
Dernièrement, nous avons rendu visite à un couple qui vivait à Abou Dhabi depuis sept ans et dont le séjour touchait à son terme. Leur villa était pleine de souvenirs de leur vie aux Emirats arabes unis. Il y avait des guides de voyages qu’ils avaient effectués dans des pays voisins, du matériel de camping pour des excursions dans le désert à une heure de voiture, ainsi qu’une chicha. Même sans tenue de soirée en vue, il était clair que ce couple avait passé son séjour à profiter de tout ce que la région avait à offrir. Et même si mes sacs ne débordent pas de robes du soir mais d’objets comme des boîtes de nourriture de chat et des pièces d’automobile, j’ai pris conscience que ma vie actuelle était géniale. Et qu’il y aurait toujours des bagages à préparer. Pas seulement dans ma vie d’expatrié, mais dans ma vie en général.
Source: courrierinternational