Le quotidien omanais Azaman a été fermé indéfiniment
Le quotidien omanais Azaman a été fermé indéfiniment après des critiques contre la justice ayant entraîné l’arrestation de trois de ses journalistes, a rapporté mercredi une organisation de défense des droits de l’Homme.
Les autorités omanaises ont ordonné la suspension jusqu’à nouvel ordre du journal et de son site internet, a indiqué dans un communiqué le Gulf Centre for Human Rights (GCHR).
Consulté par l’AFP, le site affichait mercredi une seule page comportant la mention Azaman suspendu de publication avec les photos des trois journalistes arrêtés, dont le rédacteur en chef.
Cette décision semble être liée à une interview publiée mardi dans laquelle le vice-président de la Cour suprême a désavoué son chef au sujet de l’arrestation de deux journalistes du quotidien qui avait mis en cause l’indépendance de la justice.
Fait inhabituel au sultanat d’Oman, Ali al-Nomani, vice-président de la Cour suprême, avait estimé que le rédacteur en chef de cette publication, Ibrahim al-Maamari, avait rapporté des faits sans distorsion, écrit le GCHR.
Ce journaliste avait été arrêté le 28 juillet à la suite d’un article accusant des responsables du gouvernement de corruption et de pressions sur les autorités judiciaires pour modifier une loi de 2015 au profit de certaines personnalités influentes, précise le GCHR.
Le 3 août, un autre journaliste d’Azaman, Zaher al-Abri, avait été arrêté à son tour dans le cadre de cette affaire.
Le procureur général Hussein Helali, le président de la Cour suprême Isaac al-Bousaïdi et son adjoint Saleh al-Rachidi ont violé de manière claire les lois fondamentales de l’Etat, a déclaré à Azaman M. Nomani, laissant entendre qu’ils étaient derrière les ennuis judiciaires des deux journalistes.
Voir le président de la Cour suprême et son adjoint se comporter de cette façon est une catastrophe pour la justice, a-t-il ajouté.
Selon le GCHR, le quotidien Azaman est revenu à la charge contre le président de la Cour suprême en affirmant dans son édition du 7 août disposer de documents prouvant que ce dernier avait fait pression pour annuler des condamnations de personnalités influentes.
L’auteur de l’article, Youssef al-Haj, a été arrêté à son tour mercredi, toujours selon le GCHR.
Il semble que les journalistes d’Azaman soient punis pour avoir fait leur travail (…) de journaliste. Critiquer le pouvoir judiciaire ou rapporter des allégations de corruption présumée n’est pas un crime, a réagi mercredi Magdalena Mughrabi, directrice adjointe par intérim du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.
Elle souligne l’inquiétante escalade de la répression de la liberté d’expression de la part des autorités et affirme que le message aux journalistes à Oman est clair: critiquer le pouvoir judiciaire est une ligne rouge.
Dès le 3 août, l’organisation Reporters sans frontières (RSF) avait condamné l’arrestation du rédacteur en chef d’Azaman et exigé sa libération immédiate.
Oman figure au 125e rang sur 180 dans le classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF pour 2016.
Sources: AFP et Romandie