Musée national de Dubaï

Si Dubaï n’est pas autant fourni en sites historiques ou archéologiques, son musée national situé en plein centre-ville, dans le quartier historique d’Al Fahidi, constitue une véritable attraction. L’endroit concentre tous les modes de vie et l’évolution de la société des Emirats et, d’une manière générale, la culture arabe.

Pour les amoureux des arts et des cultures traditionnelles, visiter Dubaï sans se rendre au musée national relève plus qu’une gageure. C’est une transgression qu’il faut éviter à tout prix. Logé dans le fort d’Al Fahidi datant de 1787, en centre-ville, l’endroit, avec sa couleur ocre, distille toute la quintessence de la culture arabe, des Emirats d’une manière générale. C’est le symbole de l’histoire de l’évolution de ce peuple, au fur des époques. Ici, on est un peu loin des quartiers chics de la ville à l’image du nouveau Dubaï, Oud Metha, Umm Suqueim et Al Sofouh où des gratte-ciel effleurent le firmament dans la plus grande rêverie humaine. Les grands boulevards où on peut passer des heures et des heures sans pour autant voir l’ombre d’une personne. Mais aussi les artères de Sheikh Zayed Road où seules des voitures passent en trombe sans ne jamais s’arrêter. Dans ce quartier situé à un jet de pierre du marché souk aux tissus, on sent une certaine chaleur humaine, un décor vital laissant penser aux grandes villes africaines. L’architecture traditionnelle (les bâtiments les plus anciens de Dubaï) domine encore l’essentiel des bâtis au grand bonheur des visiteurs habitués à la cacophonie de la modernité.
Après le musée, la promenade le long des grandes rues et dans les dédales du vieux centre mercantile de ce quartier historique permet d’entrer dans l’univers d’un grand bazar et de se plonger dans les merveilles de la culture orientale. L’odeur qui se dégage à partir des étals de commerce donne une sensation exquise et enivrante. Sans les interpellations interminables des commerçants, l’on se plairait de passer encore plus de temps dans cette atmosphère d’effervescence et de volupté où l’âme s’épanouit jusqu’à l’extase.

Reconstitution glorieuse
A la fois symbole et miroir d’une civilisation millénaire, le Musée national de Dubaï, ouvert en 1971 par le souverain de l’Emirat, offre un refus de sagesse. Visiter cet espace, qui accueille souvent jusqu’à plus de 1.500 visiteurs par jour, n’est rien d’autre que se submerger dans les méandres des modes de vie traditionnelles des populations de l’Emirat. L’endroit, faisant une reconstitution glorieuse de l’historique de la  cité, fait partie des espaces constituant l’une des plus grandes attractions touristiques de la ville aux côtés des belles plages, le parc aquatique, les tours, les complexes hôteliers offrant un cadre paradisiaque, les espaces de « shopping »… Le site accueille, tous les jours, son flot de touristes venus des quatre coins du globe pour s’imprégner de ce qui a constitué l’essence de cet ancien espace désertique devenu une destination de merveille.  Si dans la ville le visiteur a, sans doute, raison de se plaindre de l’inexistence d’un nombre important de sites culturels de ce genre, il peut toutefois se féliciter de l’immense richesse dont regorge ce musée. Mais aussi de la possibilité qui lui est offerte de pouvoir faire un crochet, après une visite au fort d’Al Fahidi, à la plus grande mosquée de Dubaï. Cela, afin de pouvoir soit contempler l’architecture de ce haut lieu de culte, soit faire ses prières sur place.

Une riche civilisation
Dans le fonds de ce fort, on se promène dans la quotidienneté d’antan de l’habitat arabe à travers le spectacle proposé par les dioramas. Les scènes de vie les plus ordinaires attirent l’attention. Les expositions présentées ne sont rien d’autre qu’une recomposition d’une histoire, d’une époque lointaine où la modernité n’avait pas encore installé ses tentacules. Il s’agit d’une période qui remonte un peu plus loin que la découverte des gisements de pétrole dans les années 1960. Les scènes des travaux domestiques, les cours familiales, l’intimité des foyers, les puits d’eau, les mosquées, les tentes bédouines…font le décor comme pour immortaliser une époque définitivement révolue. L’exposition présentée au musée évoque des siècles de tradition marchande. On se plaît de contempler jusqu’à la lie les objets faits pour représenter la dynamique commerciale de l’Emirat à travers les ateliers de commerce, le bazar traditionnel, les étals des vendeurs de poisson, les cordonniers, les bijoutiers, les forgerons…
Par exemple, dans le passé, les charpentiers étaient très présents à Dubaï, en particulier dans la région d’Al Boteen, le long de la crique (Khor Dubaï) menant à Deira. Aussi, comme l’économie de la ville dépendait, en grande partie, de la pêche et du commerce maritime à l’époque, le travail de ces charpentiers était d’une nécessité absolue dans la chaîne de la commercialisation du boutre ainsi que la construction de bateaux, entre autres équipements maritimes en vogue. Dans la ville, les charpentiers sont à l’origine de très belles sculptures où sont inscrits des noms d’Allah.

Civilisation arabo-islamique
Ce commerce traditionnel, c’est aussi celui des épices, des herbes, des fruits… Dans le Dubaï traditionnel, il y avait de nombreux magasins vendant des denrées alimentaires, des médicaments traditionnels et autres produits de consommation dans la région. Les images, cartes et textes proposés donnent à voir des étals qui ont été fabriqués à partir des dattiers et des feuilles de palmier. A Dubaï, grâce à l’hégémonie de l’Islam, l’Emirat est devenu une partie de la civilisation arabo-islamique. Ainsi, des preuves archéologiques datant de l’ère islamique ont été découvertes à Al Jumeirah. Dans ce site, qui couvre plus de vingt hectares, se trouvent les restes de nombreuses maisons, de grands bâtiments commerciaux et boutiques construites en pierre et couvertes de plâtre. L’architecture à Al Jumeirah se caractérise par l’utilisation d’arches, de colonnes et de tours.  Toujours pour rester dans ce registre de scène de vie traditionnelle arabe, qui a caractérisé le processus d’évolution et de développement économique de l’Emirat, dans le musée, le visiteur peut aussi contempler la faune, la flore et la marine désertique, les animaux sauvages. Non sans oublier les oasis, ces espaces bleus et verts miraculeusement jetés dans l’immonde désertique pour assurer l’équilibre de la nature…
Les objets présentés dans le musée montrent qu’il y avait un haut degré de civilisation dans la région et même autour de 3.000 ans avant Jésus Christ.
Les installations de cette exposition permanente dans le fort d’Al Fahidi font également état des aspects de culte tournés vers la religion musulmane. Il convient toutefois de rappeler que l’éducation occupait une bonne place dans la société de l’Emirat. En effet, comme le montrent les dioramas, elle y commençait avec l’ouverture de l’école élémentaire (Al Katateeb). Toutefois, l’enseignement était étroitement lié aux croyances religieuses. Dans le temps, les études étaient divisées en deux sessions dont l’une le matin et l’autre le soir. L’exposition présentée dans le musée permet de découvrir des scènes où des enfants sont assis sur le sol avec leur professeur et apprenant par le cœur le Coran.  Par ailleurs, dans l’Emirat, le boom économique au début du 20ème siècle, en raison de la croissance induite par la commerce de perles, a permis de financer  une nouvelle école dès 1902. Cela a, par la suite, eu à créer un impact, un changement sur la nature de l’éducation. Ainsi, en plus des études religieuses, un programme plus vaste a été introduit dans le curriculum avec l’intégration de la littérature, la grammaire, la lecture, l’écriture, l’arithmétique et les scripts arabes.  Le musée national de Dubaï présente aussi une exposition sur la pêche, laquelle a représenté l’un des secteurs phares sur lesquels reposait l’économie de l’Emirat. Ici, une collection d’équipements marins composée de grandes pirogues artisanales est visible dans la cour du musée. La pirogue « Al Sambuk », par exemple, servait à la pêche, celle « Al Banoush » était utilisée pour le transport. Outre la pêche, les antiquités locales et artefacts, certains objets comme les canons européens en bronze datant de 1785, qui étaient utilisés à Dubaï, sont exposés à l’entrée du fort d’Al Fahidi.

Par Ibrahima BA (Envoyé spécial à Dubaï)

Source: lesoleil.sn