Microsoft rachète LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars
Ami(e)s internautes, sachez que Dubai Magazine est également présent sur LinkedIn, cliquez ici. Annoncée ce lundi par Microsoft, l’acquisition prochaine de LinkedIn pour 26,2 milliards de dollars (environ 23 milliards d’euros) est une énorme opération. Satya Nadella, le PDG de Microsoft, présente dans un e-mail à ses équipes le rachat de LinkedIn, plus grosse opération de Microsoft depuis qu’il en est devenu PDG (en février 2014).
A titre de comparaison, l’entreprise avait payé en 2013 les activités mobiles de Nokia 7,2 milliards de dollars (6 milliards d’euros), et auparavant, en 2011, Skype pour 8,5 milliards (environ 7,5 milliards d’euros).
Dans son mémo, Nadella explique vouloir intégrer le réseau social dans Office 365 (logiciels en location et services en abonnement) et Dynamics (logiciels pour entreprises).
Nous avons demandé à Stéphane Distinguin, PDG de l’agence Fabernovel qui a publié une étude sur LinkedIn en 2013 et président du pôle de compétitivité Cap Digital, son analyse sur cette opération de très grande ampleur.
Rue89 : quel est l’intérêt de Microsoft dans cette opération ?
Stéphane Distinguin : Je la trouve très cohérente, elle ne m’étonne pas beaucoup. Microsoft trouve ainsi ce qui lui manquait pour être un acteur de l’économie en réseau, avec un accès à la donnée utilisateur.
Jusqu’à présent, ce n’est pas pour rien qu’on parlait des Gafa [Google, Apple, Facebook et Amazon, ndlr] : Microsoft n’était pas dans ce jeu, malgré son importance. Cette acquisition est tout à fait cohérente avec son positionnement historique comme plateforme de productivité et de professionnels, d’autant que ce positionnement a été réaffirmé depuis l’arrivée de Satya Nadella à la tête de l’entreprise.
En plus, l’opération me semble une bonne nouvelle pour les deux côtés, ce qui n’est pas toujours le cas dans ce genre de deals où on a beau dire que « 1 + 1 = 3 », il y a souvent des déceptions.
Le prix de 26,2 milliards de dollars n’est donc pas excessif ?
C’est sûr que c’est un achat d’envergure majeure, mais pour faire une comparaison, prenez ce qu’a payé Facebook pour reprendre WhatsApp il y a deux ans [19 milliards de dollars, soit près de 17 milliards d’euros, ndlr] pour une activité qui générait zéro chiffre d’affaires et dont la complémentarité était encore moins évidente. C’est à ce prix que Facebook a réussi à arriver sur le mobile. Le prix que paie Microsoft ici ne me paraît pas délirant : il intègre la création de valeur potentielle, le « goodwill ».
Par ailleurs, LinkedIn est arrivé en position de leadership, en particulier pour les données de recrutement, mais depuis deux-trois ans la société n’était plus très innovante. Elle n’est pas devenue une plateforme de services et elle commence seulement à arriver dans le contenu.
Mais qu’est-ce qui justifie la valeur de LinkedIn ?
Quand on paye 50% au-dessus du cours de Bourse, clairement c’est qu’on mise sur le potentiel. Après, il y aura toujours des gens qui calculeront selon tel ou tel ratio, ou on peut dire qu’avec 433 millions d’utilisateurs il y en a encore à aller chercher.
C’est une très bonne valorisation pour LinkedIn, et en même temps Microsoft pense pouvoir diffuser ses propres offres et services dans l’environnement et aux utilisateurs de LinkedIn.
A lire les commentaires dans les réseaux sociaux, certains s’inquiètent de la position de force qu’aura Microsoft avec cette acquisition. Parano ou justifié ?
Etant donné la position extrêmement puissante des Gafa, il y a quelque chose d’étonnant à voir revenir Microsoft, qui prouve qu’on peut être un acteur installé avec 40 ans d’histoire et revenir sur le terrain. Il y aura peut-être une meilleure répartition des pouvoirs avec les autres Gafa, et ça pourrait être une bonne nouvelle pour les utilisateurs.
Cela dit, l’éducation des utilisateurs est la meilleure réponse. Ils doivent être attentifs à ce qu’ils acceptent de communiquer comme données. Microsoft, il y a une quinzaine d’années, était un acteur très critiqué pour son monopole sur les PC, c’est ce qui justifie la perception du « réveil d’un méchant ». Mais en fait, que ce soit Microsoft ou un autre, il faut toujours rester vigilant.
Source: Rue 89