Marc Batard: le sprinteur de l’Everest
Entretien avec l’alpiniste Marc Batard, connu sous le nom de sprinteur de l’Everest.
Atlantico : Frédéric Thiriez signe un livre retraçant votre parcours, aussi bien professionnel qu’intime, une longue épopée pleine d’anecdotes à altitude déraisonnable pour nous autres, hommes des plaines. Un alpiniste n’est-il pas toujours, en plus d’un spécialiste et d’un sportif, un conteur de métier ? La façon dont on vous voit toujours vous référer à vos illustres prédécesseurs n’est-elle pas la marque de cette tradition qui veut qu’en même temps que vous gravissez une montagne, vous l’écriviez ?
Marc Batard : Oui, c’est une certaine tradition. J’ai trouvé ma vocation grâce à des grands hommes comme Lionel Terray. J’ai ensuite rencontré des légendes comme Edmund Hillary. Et un livre comme celui de Frédéric Thiriez permet de laisser des traces aux futures générations.
Ne s’agit-il pas toujours d’aller chercher un sommet, un exploit à rapporter ? N’y a-t-il pas un côté chercheur d’or dans votre métier ?
Oui, il y a un très beau passage dans ce livre où il est dit que « le vrai courage, c’est de savoir renoncer ». Cela ressemble à cette belle phrase d’Albert Camus : « un homme, ça s’empêche ».
Comment l’alpiniste vit-il la proximité qu’induit son activité avec la présence symbolique et réelle de la mort sur les flancs élevés de la montagne et dans son cœur ?
Comment jugez-vous ces polémiques autour des grimpeurs qui s’élancerait à l’assaut de hauts sommets sans préparation, provoquant de nombreux accidents parfois tragiques, vous qui passiez énormément de temps à vous préparer ?
Si vous faites référence aux accidents bêtes qui ont eu lieu sur le Mont Blanc, notamment avec ces gens qui vont faire des ascensions en tennis à la « Kilian Jornet », je ne suis pas d’accord avec ceux qui considèrent que ce sont les gens comme Kilian Jornet qui sont responsables de ces accidents-là. Médiatiquement, on parle d’ailleurs trop de ces accidents idiots, et on ne met pas assez l’accent sur ceux qui sont bel et bien équipés et qui vont en cordée vaincre le Mont Blanc mais qui ne savent pas se servir d’une corde.
Source: atlantico