L’Arabie saoudite mise gros sur le gaz de schiste
Saudi Aramco, la compagnie nationale saoudienne, investit massivement dans le gaz non conventionnel. « L’Arabie saoudite sera la prochaine frontière du schiste, notamment dans le gaz », a déclaré mardi son PDG, Khaled Al Faleh, lors d’une conférence à Riyad. Le patron de la première compagnie pétrolière mondiale a annoncé son intention d’investir 7 milliards de dollars supplémentaires dans ce domaine, qui viendront s’ajouter aux 3 milliards de dollars déjà dépensés.
« C’est la première fois que Saudi Aramco dévoile les montants consacrés à ses ressources non conventionnelles, mais le pays avait déjà évoqué par le passé son intention de les exploiter », rappelle Francis Perrin, président de la société d’études Stratégies et Politiques Energétiques. Le royaume s’est engagé dans une stratégie de diversification de son électricité, aujourd’hui largement produite en brûlant du pétrole. Le développement des réserves de gaz s’inscrit dans cette stratégie, aux côtés de projets dans le solaire ou le nucléaire, dans le but de préserver ses ressources pétrolières pour l’exportation. Or le pays pourrait receler des réserves de gaz de schiste considérables : le ministre du Pétrole, Ali Al Naimi, les a estimées en 2013 à 17.000 milliards de mètres cubes, deux fois les réserves prouvées actuelles de gaz du pays.
Un haut niveau d’expertise
Saudi Aramco a démarré des campagnes d’exploration dès 2011, avec des forages dans le nord du pays. Il y a environ un an, Khaled Al Faleh a annoncé que les découvertes réalisées dans cette région lui permettront d’alimenter une centrale électrique de 1.000 mégawatts (l’équivalent d’un réacteur nucléaire) à venir au sein d’un futur complexe de phosphates. La compagnie saoudienne devrait aussi réaliser cette année deux forages avec le russe Lukoil dans le désert Rub al-Khali, où elles ont découvert un réservoir de « tight gas », un autre gaz non conventionnel nécessitant la même technologie d’extraction que le gaz de schiste. « Le Royaume veut faire passer sa production de 300 à 450 millions de mètres cubes par jour d’ici à 2018 », indique Francis Perrin.
Une ouverture pour les compagnies occidentales, qui cherchent toutes à conclure des partenariats avec la compagnie saoudienne dans l’exploration-production ? « Saudi Aramco a évoqué la possibilité d’associations, sans suite pour l’instant, note Francis Perrin. Elle n’en a pas absolument besoin, car elle possède elle-même un haut niveau d’expertise et travaille avec des sociétés de services qui maîtrisent les technologies. Mais elle pourrait souhaiter partager les risques et les investissements. » Reste à résoudre le sujet des faibles ressources en eau du royaume, alors qu’il s’agit d’un élément essentiel à l’exploitation des hydrocarbures de schiste.
Source : Les Echos
http://www.lesechos.fr/journal20150128/lec2_entreprise_et_marches/0204112824044-larabie-saoudite-mise-gros-sur-le-gaz-de-schiste-1087615.php