Lula, la fierté du Brésil
« Lorsque je suis arrivé au gouvernement, 75 millions de Brésiliens avaient un compte bancaire. Sept ans plus tard, en 2010, ils étaient 115 millions. Ce fut le plus grand processus de mobilisation bancaire de l’histoire du pays. Jusqu’alors, le pauvre, s’il passait devant une banque, il était emprisonné car on le suspectait de quelque chose. Nous, nous avons versé une allocation familiale via les banques, avec une carte attribuée à la femme – parce que l’homme, lui, il s’arrête au café boire une bière. Donc la femme allait à la banque prélever son argent. Et ce fut une révolution dans ce pays ».
Luis Inacio Lula da Silva est un conteur. Cet ancien métallo élu deux fois président de la république brésilienne, en 2002 et en 2006, a de nouveau captivé son public mercredi 12 décembre lors d’un Forum du progrès social organisé par sa fondation, l’Instituto Lula, et par la Fondation Jean Jaurès.
Dernier intervenant de ce colloque de deux jours, passé juste après l’ancien premier ministre Lionel Jospin, il a fait preuve d’un optimisme et d’une « estime de soi » joviale, au fil d’un discours de près d’une heure et demi, inhabituel en ces lieux. Ce bateleur, qui incarna l’émergence du Brésil sur la scène internationale durant ses deux mandats présidentiels, a notamment expliqué comment de nouveaux systèmes de redistribution ont favorisé le décollage économique de son pays et comment le Brésil est sorti de sa dépendance économique et intellectuelle envers les États-Unis et l’Europe.
« Pendant toute ma vie, j’ai vécu dans la crise »
« Au contraire d’autres camarades, je n’ai pas l’habitude de craindre la crise« , a commencé Luis Inacio Lula da Silva, dit Lula. « Pendant toute ma vie, j’ai vécu dans la crise. Je viens d’un endroit où quand on ne meurt pas de faim avant 5 ans, c’est déjà un grand succès. Ensuite, j’ai été ouvrier parce que je ne savais pas faire autre chose. Et c’est ainsi que je suis devenu ouvrier métallurgiste, ce qui s’est révélé un excellent CV pour être élu à la présidence de mon pays! »
« Aucun interlocuteur ne respecte l’autre s’il ne se respecte pas soi-même »
« Quand j’ai été élu, des camarades économistes me disaient : ‘ n’y allez pas. Le Brésil est en faillite. Vous ne pourrez jamais gouverner’. Moi, j’étais convaincu qu’il fallait tenter des politiques différentes et qu’il fallait d’abord que le Brésil se respecte soi-même. Pendant mes années syndicales, au fil des négociations, j’avais appris qu’aucun interlocuteur ne respecte l’autre s’il ne se respecte pas, d’abord, soi-même ».
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