L'intervention du Qatar en Libye
Le petit émirat du Golfe fait encore parler de lui. Sa chaîne Al Jazeera, l’organisation de la Coupe du monde de foot… et aujourd’hui, pays arabe en pointe au sein de la coalition qui bombarde les forces pro-Kadhafi. Quatre avions qataris devraient en effet se joindre à l’opération « Aube de l’Odyssée ».
Cette information, confirmée dimanche après-midi par la chaîne Al Jazeera, est d’une importance capitale pour les Occidentaux car une participation militaire des forces qataries prouvera le caractère pluriel de la coalition. Elle permettra aussi de désamorcer les critiques qui font de ces frappes une nouvelle guerre de l’Occident contre le monde musulman, rhétorique abondamment utilisée par le dictateur libyen.
Trois observations peuvent être retenues pour expliquer les ressorts de cette diplomatie qatarie qui se démarque de celle des autres pays arabes.
Une diplomatie d’ouverture pour exister
Les élites dirigeantes du Qatar ont toujours voulu compenser les faiblesses structurelles du pays (taille réduite, population minime, vulnérabilité stratégique) par une diplomatie active et d’ouverture. Cette stratégie a permis d’ériger le pays en élément central de l’équation stratégique au Moyen-Orient.
Ces dernières années, l’émirat est donc devenu un acteur incontournable de la résolution des conflits régionaux (ce qui fut notamment le cas pour les crises au Soudan et au Liban). La participation à la coalition entre dans le cadre de cette manœuvre qui érige le pays en poids lourd du monde arabe.
De plus, le Qatar entretient d’excellentes relations avec les Etats-Unis et la France, notamment dans le domaine militaire. L’émirat abrite le Centcom (commandement central américain qui a piloté les guerres d’Irak et d’Afghanistan) et 80% du matériel et équipement de l’armée qatarie sont d’origine française.
Dans une opération comme celle-ci où Paris avait impérativement besoin de la caution d’une nation arabe, le choix du Qatar, « partenaire stratégique historique de la France » selon les mots du porte-parole du ministère de la Défense, était donc naturel.