Les dangers de l’ascension de l’Everest

De plus en plus d’individus tentent l’ascension de l’Everest. Mais les alpinistes professionnels tirent la sonnette d’alarme : ces amateurs négligent les dangers parfois mortels de l’ascension. Le 18 mai, Ralf Dujmovits a atteint le col sud du mont Everest. A près de 8 000 mètres d’altitude, il a pris la difficile mais nécessaire décision de redescendre en raison des conditions orageuses qui régnaient au sommet. Cet Allemand de 50 ans, considéré comme l’un des alpinistes les plus expérimentés du monde, a été horrifié de voir la longue file de touristes qui serpentait vers le haut quand lui-même a entamé la descente dangereuse.

Une de ses photos, qui montre le sommet le plus populaire du monde envahi par la foule, a attiré l’attention des médias internationaux. « J’étais à environ 7 900 mètres d’altitude et je voyais au loin un serpent humain qui montait en rangs serrés. Il y avait 39 expéditions sur la montagne, soit plus de 600 personnes. Je n’avais jamais vu autant de monde sur l’Everest. »
De retour en Allemagne, l’alpiniste a déclaré qu’il avait éprouvé deux sentiments lorsqu’il avait pris cette photo : « Je trouvais la scène vraiment absurde. En regardant les gens, j’avais la forte impression que tous ne reviendraient pas. On a la sensation oppressante que certains sur la photo seront bientôt morts. Et puis j’étais empli de tristesse pour cette montagne et pour les Sherpas expérimentés [un groupe ethnique vivant dans les hautes vallées de l’Himalaya, accompagnant régulièrement les alpinistes dans leurs expéditions]. Je les respecte énormément et je pensais qu’on allait perdre beaucoup de choses. De nos jours, les gens traitent la montagne comme un appareil de fitness, non comme une force de la nature. »

Quatre personnes sont mortes sur l’Everest ce week-end-là. Ralf Dujmovits est content que sa photo ait suscité une telle réaction. Il espère qu’elle dissuadera les « alpinistes du dimanche » d’entreprendre l’ascension de l’Everest dans le seul but de se vanter auprès de leurs amis, comme ces gens qui exhibent leur Mercedes pour faire étalage de leur richesse. « En fait », poursuit-il, « il ne faut aucune aptitude pour effectuer ce que font la plupart des touristes de l’Everest. Ces dix dernières années, les gens ont eu de plus en plus tendance à utiliser de l’oxygène sitôt après avoir quitté le camp de base. Auparavant il était normal d’y recourir à partir de 8 000 mètres d’altitude ; aujourd’hui, ils en prennent comme si c’était de l’eau. »
L’alpiniste a assisté à des scènes ridicules avec des individus qui n’auraient jamais dû être autorisés à faire l’ascension. Il a rencontré « une journaliste française en surpoids – une petite femme d’environ 80 kilos — qui avait utilisé presque tout son oxygène avant même d’être en altitude, et un Américain d’origine turque portant son vélo sur les épaules car il avait toujours rêvé d’arriver au sommet avec ».

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