L'économie française en 2013
INTERVIEW Alors que la Banque de France estime que notre pays est en récession, Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities explique pourquoi une embellie est peu probable. La France profitera-t-elle cette année du redressement de l’économie mondiale ?Je ne le pense pas. Nous abordons 2013 en état de récession, avec des ménages et des chefs d’entreprise en grande déprime et un chômage qui ne cesse de croître. Je vous rappelle que la croissance minimale pour stabiliser son niveau est d’environ 1%. Les records de 1994 seront battus d’ici peu. François Hollande a redit qu’il voulait voir cette tendance s’inverser avant la fin 2013, mais les seuls facteurs qui pourraient jouer en ce sens sont des créations de postes subventionnés – les mal nommés « emplois d’avenir » – ou des départs anticipés en retraite. Pour l’heure, on continue à observer des destructions nettes de postes dans le secteur privé, notamment dans l’industrie et l’on ne perçoit aucun signal pouvant laisser penser que la situation puisse changer avant plusieurs trimestres.
Le gouvernement prévoit toujours une croissance de 0,8%. Elle sera peut-être insuffisante pour redresser la courbe du chômage mais elle doit permettre de tenir les engagements de réduction du déficit. Croyez-vous que cet objectif soit tenable ?
Non. Dans sa dernière note de conjoncture, l’Insee prévoit une hausse du PIB de 0.1% au 1er et au 2e trimestre. En considérant que l’institut ne se trompe pas, il faudrait un rebond de 1% sur les deux derniers trimestres de l’année pour qu’on atteigne la croissance sur laquelle table toujours le gouvernement. Qui peut croire qu’une telle accélération soit possible. Pour sa défense, le ministre des Finances rappelle à longueur d’interview qu’il est impossible à un demi-point près de prévoir la croissance de 2013. Sur le fond, il n’a peut-être pas tort, mais dans ce cas, il serait bien avisé de ne pas fixer sa propre hypothèse à un niveau que plus personne ne croit réalisable.
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