Le sport, un outil de développement et de paix ?
Le sport peut-il influencer les comportements et le changement social dans les pays en développement ? Une question à laquelle l’ONG Right to Play répond depuis dix ans, en menant des actions de terrain aux quatre coins du globe. Son président et directeur général Johann Olav Koss présente son organisation.
Vous êtes le président fondateur de Right to Play, une organisation humanitaire internationale utilisant le sport pour le développement et la paix. Comment et pourquoi avez-vous créé cette structure ?
En 1993, un voyage en Afrique de l’Est a changé ma vie. Je visitais l’Erythrée en tant qu’athlète ambassadeur pour Olympic Aid et cette expérience m’a permis de découvrir le pouvoir du sport, l’impact positif qu’il pouvait avoir dans les communautés les plus défavorisées. En me promenant dans la capitale, Asmara, j’ai vu des bâtiments couverts d’affiches de martyrs de guerre morts durant la guerre civile. J’ai remarqué un groupe de garçons réunis autour de ces affiches qui admiraient ces hommes. J’ai réalisé que ces soldats, pas beaucoup plus âgés qu’eux, étaient leurs héros. Tout à coup, une équipe de cyclistes a traversé la rue à pleine vitesse. Les enfants ont immédiatement perdu tout intérêt pour les affiches et ont suivi, très excités, ces athlètes, en applaudissant et en riant.
J’ai pensé alors : et si ces enfants pouvaient prendre ces athlètes – pas des soldats – comme héros ? Et si nous utilisions le sport pour montrer à ces enfants que le courage, la persévérance et le dévouement – non les armes – les rendront plus forts ? Que l’équité, le respect de l’adversaire et la négociation sont la voie de la résolution des conflits – non la violence ? Aujourd’hui, Right to Play est la première organisation internationale humanitaire et de développement à utiliser le sport et le jeu comme des outils pour impacter les comportements et le changement social dans les pays d’Afrique, d’Asie, du Moyen-Orient et d’Amérique du Sud. Nous formons des entraîneurs et des dirigeants locaux à mettre en œuvre des programmes visant à développer des compétences de base, à prévenir les maladies, à enseigner la résolution des conflits et à insuffler l’espoir.