Le Qatar étend son empire immobilier dans le monde
Le richissime pays a investi massivement cette année dans tous les secteurs. Et notamment en Suisse, qui reste une cible de choix. Ses cheikhs siègent aux conseils des plus grandes entreprises d’Europe, possèdent les morceaux de choix de Londres. Leurs portefeuilles contiennent des raffineries chinoises, des maisons de luxe françaises, et des clubs de football espagnols», résumait récemment un dossier de The Economist. L’hebdomadaire britannique parlait du Qatar. 2011, année du Qatar? Certainement. Ce minuscule émirat du golfe Persique, d’une surface de 11 500 km2 pour une population de 1,7 million d’habitants n’en finit pas de procéder à des acquisitions partout dans le monde, du Moyen-Orient à l’Europe, en passant par l’Asie. Et la Suisse figure, cette année, parmi ses cibles géographiques de choix. Ici, l’argent du Qatar s’impose dans le tourisme, l’hôtellerie et dans une moindre mesure la finance, principalement à travers le fonds souverain de l’Emirat, la Qatari Investment Authority (QIA) et sa filiale Qatar Holdings. Ces entités sont contrôlées par le cheikh Hamad bin Jassim al-Thani, CEO et président, et par ailleurs premier ministre du Qatar. Le fils de ce dernier siège au conseil d’administration de Credit Suisse, depuis que l’Emirat a pris en 2008 une participation de 6,17% dans la grande banque. Le Qatar, c’est un gros investisseur dans la finance islamique. Cet automne, Bilan révélait que des membres de la famille royale al-Thani ont investi dans la création de la première banque islamique de Suisse (Islamic Bank of Switzerland), qui doit prochainement ouvrir ses portes à Zurich, sous réserve des autorisations de la FINMA. La famille al-Thani, qui possède déjà des banques islamiques à Doha et à Londres, sera directement impliquée dans l’établissement zurichois. Selon nos sources, Abdelaziz bin Khalifa al-Thani, oncle du cheikh régnant, comptant y déposer 2 milliards de francs de sa fortune personnelle.
Ambitions Le Qatar vise Genève (l’Hôtel Four Seasons des Bergues) et Londres (le village olympique).
Des hôtels prestigieux
Le Qatar est aussi en passe de se créer un conglomérat hôtelier helvétique. Qatari Diar, filiale du fonds souverain du Qatar, serait actuellement intéressé de racheter des palaces genevois. L’Hôtel Richemond et le Four Seasons des Bergues figureraient parmi ses cibles favorites. Tout comme le Qatar avait racheté en mai 2010 Harrods au richissime égyptien Mohamed Al Fayed, le voilà qui rachète des palaces ayant appartenu à l’autre magnat de l’immobilier arabe, le prince saoudien Al-Walid bin Talal, qui a vendu l’Hôtel Four Seasons des Bergues en 2008. Selon nos sources, le Richemond, en particulier, pourrait être rapidement acquis par les Qataris. Les deux cinq-étoiles appartiennent pour l’heure au richissime investisseur malaisien Tatparanandam Ananda Krishnan, qui avait racheté les Bergues au prince Al-Walid et le Richemond à l’hôtelier britannique Sir Rocco Forte. Krishnan confie actuellement la gérance hôtelière du Richemond au groupe britannique Dorchester Collection, détenu par le Sultanat de Brunei, propriétaire et exploitant du Plaza à Paris, du Dorchester à Londres, du Principe di Savoia à Milan, ou encore du Bel-Air à Los Angeles et Hollywood. Une acquisition hôtelière à Genève viendrait compléter le prestigieux portefeuille suisse de Qatari Diar, qui détient déjà trois palaces helvétiques depuis 2008, via sa filiale zougoise QDHP Swiss Management: l’Hôtel Schweizerhof de Berne, le Royal Savoy de Lausanne, et le Resort Buergenstock (Nidwald). L’Hôtel Buergenstock avait été racheté pour 240 millions de dollars au groupe Rosenbud en septembre 2007 par Barwa Real Estate, société qatarie d’investissement immobilier à l’époque détenue à hauteur de 45% par le fonds souverain du Qatar, qui l’a rachetée intégralement en 2009. Parmi ses curiosités, le Buergenstock arbore notamment l’ascenseur en plein air du Hammetschwand, le plus haut d’Europe, situé à 1132 mètres d’altitude, qui monte à 152 mètres, pour offrir un panorama contemplé en 1967 par James Bond pendant la course-poursuite de Goldfinger… La société Hammetschwand Lift appartient aussi à Qatari Diar. Très profilée dans le secteur touristique et balnéaire égyptien, Qatari Diar entend développer la station du Buergenstock à grande échelle, un peu comme le fait le magnat égyptien Samih Sawiris
avec la station d’Andermatt (UR). «Le Buergenstock, c’est un vaste projet de rénovation et de développement, confirme Philippe Rubod, directeur de Crans- Montana Tourisme, qui a dirigé ce complexe il y a quelques années et qui a travaillé dans le secteur touristique et hôtelier à Doha. Le projet d’agrandissement et de rénovation porte sur 300 millions de dollars et prévoit des hôtels, des salles de congrès et des centres de bien-être.» Qatari Diar s’intéresse également depuis 2007 à la marque Buddha Bar, dont elle a acquis les droits pour créer des cinq-étoiles sous l’enseigne Buddha-Bar Hotels & Resorts. Un Buddha Bar Hotel s’apprête à ouvrir prochainement ses portes à Paris près de la place de la Concorde.
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