Le dessous des critiques sur le Qatar

La stratégie du Qatar était d’être visible. Il y est parvenu. Mais cette visibilité s’accompagne d’une augmentation des commentaires critiques. Il en est de légitimes : le sort dramatique des ouvriers asiatiques, la condamnation abusive du poète ou les obstacles à l’exercice de certaines libertés. D’autres sont manifestement excessives et de mauvaise foi.
L’un des angles d’attaque est d’accuser ceux qui ne participent pas au Qatar-bashing d’être soudoyés par l’émirat. Dès lors que l’on ne s’aligne pas sur le principe d’une critique radicale, la rumeur disqualifiante d’être « payé » par le Qatar est brandie. Outre qu’elle est intellectuellement malhonnête, la démarche de ces accusateurs est loin d’être désintéressée. Trois postures méritent d’être détaillées car il devient utile de percer l’envers du décor d’une galaxie d’adversaires du Qatar qui omettent souvent de préciser certains éléments troublants.
Il y a d’abord ceux à qui le Qatar a signifié une fin de non-recevoir à leurs sollicitations de financer tel ou tel projet. C’est le cas de certains médias, particulièrement ceux dont le bassin de diffusion vise le monde arabe, africain ou asiatique. Se rebiffant face à des refus de commande ou de prise en charge d’espaces publicitaires, on s’en prend au Qatar pour lui faire « payer » son attitude récalcitrante. Le cas le plus emblématique est celui du magazine Afrique-Asie. Ce type de média versatile n’est pas à une contradiction près : rappelant à l’envie le caractère « dictatorial » du Qatar, certains essaient de faire oublier la lune de miel qu’ils avaient nouée avec le régime de Ben Ali. La contradiction ne s’arrête pas là : dans leur entreprise de réhabilitation des régimes déchus (et donc de diabolisation des révoltes arabes), ces mêmes acteurs alimentent la machine du Qatar-bashing afin, là encore, de faire payer à Doha et à sa chaîne de télévision (Al Jazeera) sa part de responsabilité dans le déboulonnage de leur camp. Une personnalité comme Mezri Haddad et le site tunisie-secret dont il est très proche se sont d’ailleurs spécialisés sur ce créneau. Jusqu’à s’allier aux cris de ceux qui clament « Que Ben Ali revienne, au diable la liberté d’expression ! ».
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