Le danger des gardiens de refuges en montagne
« Delta, Charlie, Delta ». Lorsque la gardienne du refuge de La Pilatte a prononcé ces mots d’alphabet phonétique (DCD) au téléphone, les nombreuses personnes présentes au refuge ignoraient en partie qu’il s’agissait de prévenir du décès d’un alpiniste. « Il a aussi fallu gérer le fils de la victime qui est arrivé dans la foulée, même s’il a été très stoïque » souligne la gardienne. « On occulte souvent la gestion de l’environnement lors d’un accident », rappelle Eric Mesnier (PGHM). « On voit les gestes à pratiquer, mais on oublie parfois que la radio est à portée des oreilles des randonneurs et qu’ils entendent la gravité de la situation… L’aspect psychologique est souvent plus délicat à gérer qu’une blessure ». « Évidemment, le jour où il y a eu trois morts, notre refuge était plein, c’est toujours comme ça », soupire Frédi Meignan du refuge du Promontoire.
« Les gens veulent comprendre ce qu’il se passe et nous sommes le premier maillon » Prévenir les secours, préparer leur arrivée tout en évitant au climat de devenir anxiogène et ingérable, la mission des gardiens tient parfois du funambulisme, surligné par l’envie de savoir des clients. « Les gens veulent comprendre et nous sommes le premier maillon de la chaîne auquel ils s’adressent » renchérit un voisin. « Pour que la victime et son entourage ne paniquent pas face à l’hélicoptère, on leur a dit qu’on prévenait une ambulance pour faire face à un malaise et qu’ici, les ambulances étaient forcées de voler ! » témoigne en souriant un gardien de Belledonne.