L'expédition suisse qui a ouvert la voie de l'Everest

La première expédition suisse qui a tracé le chemin vers l’Everest

Dans une photo devenue emblématique, prise le 29 mai 1953, le sherpa Tensing Norgay brandit fièrement le drapeau britannique au sommet de l’Everest. Cependant, l’histoire derrière cette ascension historique cache un autre protagoniste : le Suisse Raymond Lambert. Un an plus tôt, Lambert avait atteint une altitude de 8 600 mètres avant de rebrousser chemin à seulement 200 mètres du sommet, épuisé. C’est en suivant les traces de Lambert que les Britanniques ont réussi à réaliser cet exploit l’année suivante. Découvrons l’histoire méconnue de cette expédition suisse qui a ouvert la voie de l’Everest.

Le défi de l’Everest

Le mont Everest est la plus haute montagne du monde et représente un rêve pour de nombreux alpinistes. Dans les années 50, plusieurs pays se lançaient des défis en montagne, chacun cherchant à réaliser un exploit. Les Français ouvrirent les hostilités avec l’ascension de l’Annapurna, le premier sommet de plus de 8 000 mètres atteint. Les Allemands visaient le Nanga Parbat, les Italiens le K2 et les Japonais le Manaslu. Les Britanniques, quant à eux, avaient les yeux rivés sur l’Everest.



Les Suisses obtiennent l’autorisation

À l’époque, le Népal était une monarchie fermée et n’ouvrait pas ses portes aux alpinistes étrangers. Cependant, en 1950, la République populaire de Chine envahit le Tibet, fermant ainsi la route vers l’Everest depuis le versant nord. Le Népal décida alors d’autoriser des expéditions étrangères depuis son versant sud. À la surprise générale, ce sont les Suisses qui obtinrent l’autorisation en 1952. Ils purent ainsi tenter l’ascension par la voie normale népalaise, empruntée encore de nos jours.

La préparation et les obstacles

L’expédition suisse était composée de neuf alpinistes suisses et de 14 sherpas. Avant leur départ, seules deux expéditions britanniques de reconnaissance avaient exploré le versant sud de l’Everest. Grimper cette montagne imposait une logistique complexe. Une fois Namche Bazaar atteint, l’expédition rencontra un premier obstacle : la cascade de glace dite Icefall. Les Britanniques l’avaient déjà explorée et avaient jugé une crevasse infranchissable. Mais en 1952, le plus jeune membre de l’expédition suisse, Jean-Jacques Asper, réussit à la franchir, réalisant ainsi une première mondiale.

La quête de l’itinéraire

La recherche de l’itinéraire approprié s’avéra difficile pour les Suisses. Ils tentèrent d’abord de passer par une arête appelée « Prout des Genevois », mais elle s’avéra instable et peu agréable à remonter. Finalement, ils se dirigèrent vers les pentes enneigées, ce qui leur permit de monter plus rapidement jusqu’au camp 4. Cependant, cette recherche d’itinéraire les épuisa considérablement, car ils passèrent environ deux semaines à chercher le bon chemin.

L’échec près du sommet

Malgré leurs efforts, l’expédition suisse atteignit une altitude de 8 160 mètres, soit à seulement quelques centaines de mètres du sommet. Épuisés, ils décidèrent de faire demi-tour pour assurer leur survie. Les Britanniques firent preuve de fair-play envers les Suisses et leur posèrent 200 questions pour connaître les détails de leur expédition. L’expédition anglaise qui suivit l’année suivante adressa un message de reconnaissance et de respect envers les Suisses, saluant leur performance.

L’héritage de l’expédition suisse

Malgré leur échec près du sommet, l’expédition suisse avait ouvert la voie de l’Everest par le versant sud, qui est toujours utilisé aujourd’hui par des centaines d’alpinistes chaque année. Yves Lambert, fils de Raymond Lambert, a réalisé le rêve de son père et de Tensing Norgay en atteignant le sommet de l’Everest en 2002, cinquante ans après l’expédition suisse. Il portait le même foulard que son père, en hommage à l’amitié qui liait les Suisses et les sherpas.

Conclusion

L’expédition suisse de 1952 a peut-être échoué à atteindre le sommet de l’Everest, mais elle a ouvert la voie à l’exploit historique réalisé par les Britanniques l’année suivante. Cette histoire méconnue met en lumière le courage et la détermination des alpinistes suisses, ainsi que leur contribution indéniable à la conquête de la plus haute montagne du monde. Aujourd’hui, chaque alpiniste qui se lance dans l’ascension de l’Everest suit les traces de ces pionniers suisses, dont l’héritage perdure.