La montée en puissance des compagnies aériennes du Golfe

Les Emirats arabes et le Qatar visent la ­première place mondiale dans l’aérien. Grâce aux milliards du ­pétrole et du gaz, bien sûr. Mais pas seulement… Blop blop… Le Jacuzzi de 4 mètres sur 4 remue à gros bouillons. «Nos clients premium adorent se détendre ici entre deux vols», explique la chargée de communication de Qatar Airways. Spa luxueux, buffets de mezzés, bar à cocktails, garderie, Play­Station, marbre et fontaines… Dans l’aéroport de Doha, la compagnie a conçu un terminal entier pour ses pas­sagers de première et de ­business. Tout simplement grandiose.

Mais, à en croire notre guide, trop modeste : «Nous nous sentons déjà un peu à l’étroit.» D’ici peu, la compagnie qatari va donc déménager dans un nouveau hub géant, construit spécialement pour elle : il pourra accueillir 50  millions de voyageurs par an, près de deux fois la capacité d’Orly.

Attention, vertige. Sur les rives du golfe Persique, les chiffres alignés par Qatar Airways, ses voisines Etihad et surtout Emirates donnent le tournis : leur croissance frôle les 15 à 20% par an. Les bénéfices sont royaux : 451  millions d’euros en 2013 pour Emirates à Dubaï (pour 14,5  milliards de chiffre d’affaires), 45  millions pour Etihad à Abu Dhabi (pour 4  milliards de recettes). Seule Qatar Air­ways ne publie pas de chif­fres. «Grâce à leur situation géographique idéale, au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et de l’Asie, elles ont réussi à siphonner beaucoup de trafic à Air France, British Airways ou Lufthansa», analyse Idrick ­Patel, consultant chez Sia ­Partners.

Et le trio infernal ne compte pas s’arrêter là. Au contraire, il prévoit de doubler son trafic d’ici à 2020. Emirates vise ainsi les 70  millions de ­passagers. «Nous serons alors la première compagnie aérienne au monde !», claironne son vice-président, Thierry Antinori, un Français de 53 ans passé par Air France et Lufthansa. Depuis son bureau, il contemple le ballet d’Airbus A380 qui anime le tarmac de Dubaï. Emirates compte 47 superjumbos – contre seulement 8 chez Air France – et en a commandé ­encore 93. Elle aussi va donc devoir changer d’aéroport : ça tombe bien, à l’autre bout de la ville, un monstre de verre et de métal – qui deviendra le premier hub au monde, avec 120  millions de passagers ­prévus en 2020 – est en train de sortir de terre…

Pour mesurer l’incroyable envolée des compagnies du Golfe, il suffit de se rendre au stade. A Barcelone, où Qatar arbore ses couleurs, pour 32  millions annuels, sur le maillot du Barça. A Paris, où le PSG (quoique ­détenu par le Qatar) fait équipe avec Emirates. Un contrat évalué à plus de 20  millions d’euros par an. Une façon, pour ces petits nouveaux du ciel, d’acquérir une notoriété à vitesse super­sonique. Car leur histoire commence il y a vingt ans seulement. Quelques buildings perdus au milieu du désert, une route goudronnée et un petit port de commerce : voilà à quoi ressemblait Dubaï en 1985, lorsque l’émir cheikh Rashid ben Saeed al-Maktoum chargea son neveu ­Ahmed de lancer une compagnie aérienne avec deux B767.

Lire la suite sur Capital.fr…