Introduction du loup dans les Vosges

Dans l’attente des résultats d’analyses, qui, seules, pourraient établir la responsabilité d’un loup sauvage dans les attaques de troupeaux, les chasseurs du Haut-Rhin sortent de leur silence et n’excluent pas une réintroduction « artificielle » du prédateur.

Alors qu’une agression suspecte contre un faon de cerf avait été signalée dans la vallée de Munste (Haut-Rhin), avant Noël, et qu’à Saulxures-sur-Moselotte (Vosges), le massacre d’une brebis gestante a encore été attribué au loup, ou à des loups, vers le 20 janvier, les chasseurs du Haut-Rhin ont, pour la première fois, pris position officiellement vendredi.

Gilles Kaszuk, président de la Fédération départementale de la chasse (FDC) 68, s’interroge : « S’agit-il d’un ou de plusieurs loup (s) sauvage (s), d’un croisement loup-chien, ou d’un chien ? ». Et, même s’il s’agit d’un « vrai » loup, « est-il revenu naturellement, ou dans des circonstances autres ? ». « S’il s’agit d’un loup venu naturellement, là, on n’a rien à dire », explicite le président de la FDC 68. « Mais, prévient-il, si l’introduction est artificielle, c’est une autre paire de manches et nous réagirons. »

Or, les chasseurs haut-rhinois remarquent plus d’une bizarrerie dans ce dossier, sur lequel plane, notent-ils, le silence persistant de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Gilles Kaszuk observe, par exemple, que si la présence du loup des Abruzzes est attestée dans le Valais suisse, « on n’a rien entendu sur sa présence dans le Jura, qui serait sa ligne de passage naturelle ». Alors, s’il est sûr qu’il y a « quelque chose dans les Vosges », reste à savoir quoi.

Jean-Marie Boehly, directeur technique de la FDC, relate à cet égard « les observations des chasseurs : dans les secteurs ciblés, ils ont constaté le comportement des ongulés sauvages, qui ont tendance à se regrouper en hardes de défense et présentent une grégarité extrême :c’est parfois lié aux périodes de grand froid, mais, cette année, on ne peut pas incriminer ce phénomène. »

Pour ce qui est de l’identité du prédateur, il observe que les deux photos, « prises par des gens compétents » l’année dernière, présentent certes « des indices concordants ». « Mais, poursuit-il, il existe des races de chiens, ou des croisements — le chien-loup de Tchéquie par exemple — qui peuvent nous induire en erreur. » Seules, à cet égard, les analyses génétiques des relevés auxquels l’ONCFS a procédé, et qui sont toujours en cours d’analyse à Grenoble, pourraient lever tout doute.

En attendant, M. Boehly relève aussi l’espacement, dans le temps, entre les attaques constatées depuis avril 2011 : « Un loup peut jeûner 4, 5 jours, mais pas 3 semaines, 6 semaines, ou 3 mois ! ». Or, entre les attaques signalées par les éleveurs, on ne relèverait aucune trace de restes d’animaux sauvages dont le canidé aurait fait sa pitance (l’attaque dans la région de Munster n’a donné lieu à aucun relevé probant).

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