Interview de l’Ambassadeur du Bahrein en France
Dans un entretien réalisé par la Chambre de commerce franco-arabe, l’Ambassadeur du Bahrein en France, M. Al-Belooshi livre son analyse sur la situation dans son pays.
Quelle est la situation aujourd’hui à Bahreïn après l’intervention des forces armées « Bouclier de la Péninsule » pour soutenir les autorités bahreïnies à rétablir l’ordre ?
Les Forces de coalition du Conseil de Coopération des pays
du Golfe (CCG) appelées « Bouclier de la péninsule », sont
arrivées le lundi 14 mars 2011 au Royaume de Bahreïn, suite
aux évènements récents, afin de s’interposer comme force de
dissuasion et d’aider à assurer la sécurité des citoyens, des
infrastructures publiques stratégiques telles que les raffineries,
société d’électricité, banques et autres.
L’intervention de ces forces émane du principe d’unité et
d’interdépendance en termes de sécurité du CCG, ainsi que
de la responsabilité commune des pays membres dans le
maintien de l’ordre, de la stabilité et de la protection de leurs
réalisations.
Auparavant, au cours d’une réunion, les Ministres des
Affaires étrangères des pays du CCG avaient affirmé leur
objectif commun de faire face à tout danger menaçant l’un de
leurs pays. Ils ont considéré la sécurité et la stabilité de leurs
pays et de leurs institutions comme étant intégrales et inséparables.
Ces accords ont été établis dans l’objectif de dissuader tous
ceux qui auraient l’intention de porter atteinte à la sécurité et
à la stabilité d’un des pays du CCG ou de semer la discorde
entre les citoyens. Les Forces du « Bouclier de la Péninsule
» sont arrivées à Bahreïn, conformément aux accords de
défense commune, compte tenu de la manipulation des
manifestants et du détournement du mouvement de contestation
par des puissances étrangères, telle que l’Iran et le
Hezbollah, et leur ingérence dans les affaires intérieures du
pays. Cela a pu se noter dans la violence des actes de certains
manifestants ainsi que leur refus clair, compte tenu du type
de leurs revendications, à participer au dialogue national qui
a été institué dans le but de trouver une solution commune à
la crise dans le respect des institutions du Royaume.
Après l’évacuation de la « Place de la Perle » un calme relatif
est revenu à Bahreïn et les autorités ont appelé les administrations
à reprendre le travail pour compter du 20 mars
2011. La vie active a donc repris, entreprises, écoles et services
publics commencent à fonctionner à nouveau normalement.
Espérons que cette reprise en main des choses du pays
par les autorités du Royaume, va entraîner une stabilisation
de la situation et une reprise du dialogue national visant à
unir les efforts de tous avec pour objectif de rétablir définitivement
l’ordre ainsi que la sécurité du territoire, des personnes
et des biens. Il est toutefois important de souligner
qu’aucune force du CCG n’est intervenue dans les opérations
qui ont été menées jusqu’à présent.
Quelles sont les conséquences de cette crise sur l’économie
du pays ?
Il va s’en dire que de tels évènements ne peuvent être sans
conséquences sur l’économie du pays. En effet celui-ci a été
totalement bloqué pendant plus d’un mois avec l’occupation
illégale de la « place de la Perle » et le blocage des axes
principaux de la capitale menant aux centres d’affaires, de
hôpitaux, des écoles, de l’Université de Bahreïn et des principales
administrations.
Vous n’êtes pas également sans ignorer que dès lors qu’un
pays est confronté à certains évènements il est considéré,
même officieusement, comme temporairement « non stable
», ce qui entraîne un ralentissement de certaines importations
et exportations, de certains investissements en cours et
remet en cause la tenue de certaines manifestations internationales
prévues depuis de longue date et ceci dans l’attente
de la normalisation de la situation. C’est ainsi que le démarrage
de la saison de F1 n’a pu se tenir à Bahreïn avec toutes
les retombées négatives que cela entraîne sur le plan touristique
(annulation de vols, d’hôtels et autres) ainsi que sur le
plan de « l’image » du pays.
Sur le plan strictement touristique la destination Bahreïn
s’est moins vendue et la 25ème session du Comité du
Patrimoine Mondial de l’UNESCO qui devait se tenir en juin
prochain à Manama a également été déplacée et va finalement
se tenir à Paris.
voilà pourquoi il faut remédier rapidement à cette situation
d’instabilité du pays. Toutefois, en dépit des troubles, le système
bancaire et la bourse de Bahreïn refonctionnent
aujourd’hui normalement. Grâce à une économie diversifiée,
les fondamentaux économiques du pays restent forts, c’est
pourquoi le Ministre des Finances a estimé que la croissance
de 4,5% initialement prévue avant les évènements, pouvait
encore être atteinte. La Banque Centrale de Bahreïn (BCB) a
déclaré qu’elle avait émis des Bons de produits islamiques et
avaient été couverts à terme à hauteur de 400%
Craignez-vous le départ de certaines entreprises étrangères
et leur délocalisation dans les pays voisins ?
Evidemment, d’ailleurs, et cela est tout à fait normal dans de
telles conditions, certaines entreprises étrangères ont
demandé à leur personnel de quitter momentanément le pays
avec leurs familles. Ces entreprises ont donc temporairement
déplacé une partie de leur personnel et de leurs activités vers
Doha et d’autres capitales de la région.
Mais la bonne nouvelle c’est que certaines d’entre elles ont
déjà fait le chemin en sens inverse est sont revenues à
Bahreïn et que de nouvelles souhaitent venir s’y installer certainement
pour occuper la place laisser vacante.
Comment regardez-vous l’avenir ?
Tout d’abord, mon plus grand souhait est que la situation se
débloque sans recours à la force, ce qui reste malheureusement
nécessaire en cas d’agression, et avec le moins de victimes
possibles donc le plus rapidement.
Ensuite, la porte du dialogue restant ouverte, j’espère que
tout va rentrer dans l’ordre dans les plus brefs délais, et que
les dirigeants de l’opposition et les manifestants voudront
dialoguer avec les autorités en place.
J’espère que toutes les parties concernées vont accepter le
débat national proposé par Sa Majesté le Roi et conduit par
SAR le Prince Héritier afin que nous puissions avancer dans
cette nouvelle étape du processus de réforme et de démocratisation
du Royaume.
Nous ne pouvons donc que souhaiter une rapide normalisation
de la situation pour une reprise de la dynamique de
développement politique, économique et social que le
Royaume de Bahreïn a connu au cours des deux dernières
décennies. Il faut aussi qu’il reprenne sa place dans la région
sur le plan économique compte tenu de ce qui lui a toujours
valu son avantage à savoir : sa position géographique régionale,
son cadre solide de réglementations, son faible niveau
d’imposition et le développement de ses infrastructures et de
ses télécommunications.
En fait, tout ce qui a été prévu dans la « Vision Economique
Bahreïn 2030#]
Source: CCFA