Immobilier Koweït: les jeunes mariés ne trouvent pas d’appartement

A Jeddah (Arabie saoudite), les participants du Forum économique, qui se tient du 18 au 20 mars, débattront d’un thème principal : les jeunes et le chômage. Mais, au Koweït, c’est surtout la question des jeunes et du logement qui fait débat. Car le pays, qui regorge de pétrodollars et d’espaces vides, souffre d’une pénurie en la matière. « C’est le sujet de préoccupation numéro un des habitants », dit Souleiman Al-Jassem, un agent immobilier.

Alors que moins de 7 % du territoire est bâti, des dizaines de milliers de couples ne parviennent pas à trouver d’habitation à leur goût. Le cas de Hussein, un fonctionnaire de 32 ans, marié et père d’un enfant, résume la frustration de la nouvelle génération. Avec 1 250 dinars par mois (3 200 euros), il gagne le salaire moyen des employés du service public, hors secteur pétrolier.

A l’époque de ses parents, l’Etat mettait à disposition des jeunes mariés, au plus tard cinq ans après les noces, soit un terrain à bâtir avec un crédit sans intérêt, soit une villa d’une dizaine de pièces, remboursable par micro-mensualités. La loi n’a pas changé. Mais le délai est passé à plus de quinze ans. « Il y a 110 000 familles sur la liste d’attente, 45 % de la population autochtone du pays », explique Hussein.

CORRUPTION

Acheter un appartement ? Hors de portée. Parce que 95 % des terres sont dans les mains de l’Etat – qui rechigne à les vendre de peur que du pétrole ne se trouve dessous –, les prix de l’immobilier se sont envolés. Un 70 m2 de bonne facture se négocie autour de 130 000 dinars (330 000 euros). Impossible pour un trentenaire sans héritage d’acquitter une telle somme. « Pour moitié moins cher, un Saoudien de Dammam peut acheter une villa de 1 000 m2 », explique M. Al-Jassem. Certes, l’Etat consent des prêts à taux zéro, mais ils sont réservés aux achats excédant 200 000 dinars.

Louer ? « Il faut compter de 400 à 800 dinars par mois, c’est beaucoup trop, sachant que dans notre culture, c’est au mari que reviennent les dépenses de logement. » Résultat, comme des milliers de jeunes mariés, Hussein a installé sa famille dans la demeure de ses parents, une villa… de 500 m2.

Le gouvernement envisage de revoir à la baisse les faveurs accordées aux citoyens, en réduisant les subventions sur l’eau et l’électricité, qui grèvent le coût de la construction. « L’Etat ne peut plus se permettre d’offrir des villas à tous les Koweïtiens, assure l’économiste Amer Al-Tamimi. Il faut encourager les parents à avoir moins d’enfants. »

Pour l’opposition, le blocage tient à la corruption de la classe dirigeante – souvent composée de propriétaires terriens, peu enclins à faire baisser les prix – et à son incurie et son manque de volonté politique. « Dans les années 1980, un projet de ville nouvelle, Madinat Al-Hareer , avait été élaboré, sur la base de terres cédées par la compagnie nationale pétrolière, soupire M. Al-Jassem. Trente ans plus tard, pas un seul bâtiment n’est sorti de terre. »

Source: LeMonde.fr