Huit représentants d’ONG vont gravir le Mont-Blanc
EVENEMENT – Ils réclament un changement de la gouvernance mondiale, pour que la société civile soit mieux représentée…«A nous la parole!» Les huit représentants d’ONG et d’associations des pays du Sud qui ont relevé le défi lancé par le CCFD-Terre solidaire vont utiliser le Mont-Blanc comme tribune pour faire entendre leur voix. Les 22 et 23 juillet, ils vont se lancer à l’assaut du plus haut sommet d’Europe: une cordée solidaire qui illustre les valeurs que les associations souhaitent mettre en avant durant cet événement.
«Dans la cordée, nous sommes dépendants les uns des autres et nous devons conjuguer nos efforts pour arriver au sommet, explique Xavier Ricard, directeur des partenariats internationaux au CCFD-Terre solidaire. De la même manière, dans la société civile, des milliers d’associations prennent à bras le corps les problèmes sociaux et créent des liens avec la société civile.»
Réforme des Nations unies, droit international à la dette et régulation des multinationales
Alors que les forums sociaux connaissent un succès croissant, que les révolutions arabes prouvent la force de la société civile et que les mouvements d’«indignés» rappellent la volonté des populations de participer aux décisions politiques, le CCFD-Terre solidaire veut interpeller les «maîtres du monde». «Les crises énergétique, environnementale, alimentaire, financière, économique et sociale ont toutes pour causes un manque de régulation et un problème de gouvernance mondiale», dénonce Bernard Pinaud, délégué général du CCFD-Terre solidaire.
L’ONG souhaite, à travers l’événement du Mont-Blanc, promouvoir une gouvernance plus juste et plus solidaire du monde, notamment par une réforme des Nations unies, la création d’un droit international à la dette et une régulation des multinationales. Des vœux pieux? Pas pour Bernard Pinaud: «Il y a dix ans, on nous riait au nez quand on demandait des taxes internationales pour financer le développement ou l’annulation de la dette des pays pauvres. Aujourd’hui, ça fait partie de l’agenda du G20.»
«Vingt pays ne peuvent pas s’octroyer le droit de décider au nom de tous»
En attendant le jour J, les participants à l’ascension se préparent physiquement. Venus du Liban, d’Haïti, du Pérou, de Bolivie, d’Afrique du Sud, du Sénégal, duCameroun et d’Inde, ils sont tous membres d’associations qui, à leur échelle locale, changent le quotidien de leurs concitoyens. «Le projet de gravir le Mont-Blanc et d’y tenir un Conseil de sécurité des pays pauvres m’a paru fou au début, souligne Bernard Pinaud, mais j’ai dit oui car je sais ces acteurs de la société civile, qui développent le micro-crédit, les coopératives ou l’agro paysannerie, sont les vrais porteurs d’alternative dans notre société déboussolée.»
Le CCFD-Terre solidaire fête cette année ses 50 ans. 500 projets de développement dans les pays du Sud ont reçu l’appui de l’ONG française, qui compte 15.000 bénévoles et militants, et 350.000 donateurs. Les représentants du CCFD seront présents lors du G20 à Cannes en novembre prochain. Ils participeront à l’alter-sommet au cours duquel la lutte contre les paradis fiscaux, la volatilité des prix des matières premières agricoles et les taxations internationales seront discutés. Et surtout, ils y rappelleront que «vingt pays ne peuvent pas s’octroyer le droit de décider au nom de tous», insiste Bernard Pinaud.