Hélias Millerioux, passionné de montagne
Attablé à une terrasse parisienne, le visage encore buriné par le soleil et le froid de sa dernière expédition, Hélias Millerioux évoque ce sport qui fascine autant qu’il est méconnu. « La montagne, c’est un aimant », lâche-t-il avec enthousiasme.
Le 19 octobre dernier, avec deux autres guides français, il a ouvert une voie sur la face sud du Nuptse, au Népal. À peine rentré, le jeune trentenaire « pense déjà à (sa) prochaine expédition. Ce sera cet été, au Pakistan ! »
Parisien d’origine, rien ne le prédestinait à l’alpinisme. Mais c’est dès l’enfance qu’il tombe dedans. « Tous les étés, je partais avec mes parents en montagne faire de la randonnée. Mais, comme on n’avait pas de matériel, on s’arrêtait toujours au pied des glaciers, c’était terriblement frustrant. On dit que les passions naissent d’une frustration. Moi, je ne rêvais que d’une chose, c’est d’aller jusqu’au sommet. En refuge, quand je croisais des gens avec des cordes, des piolets, des crampons, ça me fascinait. Un jour, mon père avait loué du matériel pour une petite ascension. On n’y connaissait rien, je m’étais même attaché sur le porte-matériel ! J’avais 11 ans, on a fait le col du Borgne avec mon père et mon frère et, une fois arrivé en haut, je lui ai dit : papa, je veux être guide. »
« L’alpinisme, c’est has-been »
Adolescent, il s’inscrit dans un club d’escalade du 13e arrondissement, « un club communiste, avec beaucoup d’anciens qui m’ont appris les bases ». Il part grimper dès qu’il en a l’occasion. En 2013, il devient guide de haute montagne, s’installe à Chamonix, et se prend de passion pour les hauts sommets. Il a déjà de belles performances à son actif, comme celle du Denali (ancien mont McKinley, point culminant des États-Unis) ou de la face sud de l’Aconcagua (Argentine). « Dans une ascension, le plaisir ne vient pas tout de suite, explique-t-il. Il vient de l’accomplissement personnel. Chaque expédition me grandit. » Mais, pour lui qui attache beaucoup d’importance au relationnel, l’alpinisme, c’est avant tout le rapport aux autres. « L’une des choses les plus importantes, pour moi, c’est la relation que tu entretiens avec tes compagnons de cordée. Tu partages des moments que tu ne vivras avec personne d’autre. Des moments très forts. » Mais selon lui, l’alpinisme est malheureusement devenu « has-been ». « Aujourd’hui, la prise de risque n’est plus acceptée, les gens veulent du plaisir immédiat. Avant, il y avait une vraie culture de la montagne, maintenant, c’est du zapping », analyse-t-il, un brin désabusé.
Bien sûr, il est conscient de la dangerosité de sa passion. Et plus encore depuis l’année dernière, quand son compagnon de cordée est mort heurté par une pierre lors d’une expédition. « Je vis très mal les critiques des uns ou des autres, qui me traitent d’inconscient, commente-t-il. Je leur rétorque souvent que, justement, je suis bien conscient du danger, et peut-être même deux fois plus qu’eux. Je différencie toujours le risque du danger. Le danger, c’est concret, c’est devant toi. Le risque, c’est quand tu estimes que la probabilité de rester en vie est plus importante que celle de mourir. Évidemment, l’alpinisme est une activité à risques. »
Lire la suite sur Lepoint.fr…