Le fonds souverain du Qatar ne veut plus de l’Europe
Le fonds souverain qatari veut privilégier les Etats-Unis et l’Asie pour ses placements. Un vent de renouveau souffle sur les pays du Golfe (Arabie saoudite, Koweït…) et leurs fonds souverains. Le contre-choc pétrolier est, comme la crise de 2008 en son temps, l’occasion de changement d’organisation et réorientation stratégique de leur politique d’investissement. Même un fonds encore jeune comme celui
du Qatar, lancé en 2005, n’échappe pas à cette tendance. La Qatar Investment Authority (QIA) a grandi vite et gère aujourd’hui autour de 250 milliards de dollars, ce qui le positionne au 4e rang des fonds du Golfe, derrière Abu Dhabi, l’Arabie saoudite et le Koweït, et à la 9e place au classement mondial des fonds souverains.
QIA est avantagé par rapport à d’autres fonds pétroliers, car son pays ne lui retirera aucun dollar de ses caisses cette année, préférant émettre de la dette que de le mettre à contribution. Son Etat ne lui versera pas pour autant de l’argent compte tenu de la conjoncture et de la chute des cours du gaz naturel, dont le pays est 4e producteur mondial. L’ère de l’insouciance a cédé à la prudence. D’après l’agence Reuters, le fonds souverain veut ainsi réorienter ses investissements au détriment de l’Europe, où il est très investi, vers l’Asie et les Etats-Unis. Il compte ainsi investir 35 milliards outre -Atlantique dans les cinq années à venir. Une diversification géographique nécessaire du fait de la concentration de ses placements sur le Vieux Continent.
Le fonds est notamment lesté par deux de ses investissements significatifs, l’un dans Volkswagen (17 %) et l’autre dans Glencore (9 %), en forte baisse. Sa participation dans le fonds côté du « hedge fund » activiste Pershing de Bill Ackman affiche aussi une moins-value. Troisième actionnaire de Volkswagen, le fonds qatari s’est impliqué davantage dans la gouvernance du groupe automobile. Un activisme défensif afin de protéger la valeur de son investissement. Le fonds a retenu les leçons de ses déconvenues : les grandes opérations de prises de participation directes du fonds souverain dans des sociétés cotées (Barclays, Credit Suisse…), qui avaient caractérisé ses débuts, ne sont plus d’actualité. QIA veut confier à des gérants externes la tâche de choisir les sociétés dans lesquelles investir. Une décision à rebours de la tendance générale chez les fonds souverains plus matures et qui les voit gérer eux-mêmes davantage de leurs actifs, pour des questions de coûts notamment. Selon Bloomberg, QIA veut aussi rationaliser et regrouper toutes ses participations dans les entreprises qataries (Qatar Airways…) dans un fonds dédié de 100 milliards de dollars baptisé Qatar Investments et non plus Qatar Holding, nom associé à la politique d’investissement agressive et décomplexée de ses débuts.
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