Expédition Alaska: entretien avec Romain Assie-Rio, jeune aventurier
Nous partons à la rencontre de Romain et Lucien. En canoë et à pied, ces deux jeunes aventuriers se sont attaqués aux immensités de l’Alaska. Découvrez l’interview de Romain Assie-Rio pour La Rando.
La Rando: En quelques mots, qui es-tu?
Romain Assie-Rio ➖ Je m’appelle Romain Assie-Rio, j’ai 21 ans et je suis étudiant en effets spéciaux à Montpellier.
Mon ami, Lucien Daunas, a également le même âge que moi, il est étudiant en biologie. Nous pratiquons, tous les deux, l’escalade depuis pas mal d’années, ainsi que la marche.
La Rando: D’où vient ta passion pour l’aventure ?
Romain Assie-Rio ➖ Un ami, Manuel, m’a prêté un livre de l’explorateur Mike Horn un jour. J’ai dévoré le livre en deux jours, et le troisième je cherchais déjà un lieu où partir. J’ai choisis l’Alaska car son climat est plutôt tempéré en été et que ses terres vierges offrent de nombreuses ressources pour la survie (eau, baies, poissons…), et puis c’est quand même super beau, on va pas se le cacher ! Ni un, ni deux, j’en ai parlé à Lucien, qui a tout de suite été partant.
La Rando: Quelle est l’expérience de ta vie que tu as préférée ?
Romain Assie-Rio ➖ Il y a beaucoup d’expériences dans ma vie qui m’ont marqué. Chaque année je me lance des défis de plus en plus « fous » (selon les autres ahah). La première fois, à 17 ans, alors que j’étais jamais sorti de l’Europe ni même voyagé seul, j’ai décidé d’enfourcher mon sac et de partir au Népal. C’était en 2015 après les tremblements de terre qui ont ravagé le pays. Alors, je suis parti aider, avec une petite association créée sur place, à reconstruire un village détruit par un glissement de terrain. Cette première expérience m’a beaucoup marqué.
Un an avant l’expé en Alaska, j’ai voyagé durant un mois en Europe sans argent, ce qui m’a fait prendre conscience de beaucoup de choses sur le plan humain. Ca peut paraître bête, dit comme ça, mais l’inconnu est loin d’être le dangereux individu que la société nous dépeint, ça peut même être quelqu’un d’incroyablement serviable. J’ai tellement d’histoires à raconter allant dans ce sens. Et l’Alaska, bien entendu, m’a marqué de tellement de manières différentes… Les paysages, les animaux, ces terres sauvages, l’accueil des locaux dans les villages. Tant d’images qui resteront à jamais gravées dans nos mémoires.
La Rando: Quels sont tes projets ?
Romain Assie-Rio ➖ J’ai beaucoup d’idées de voyages et de défis sportifs autour du monde qui me viennent en tête très régulièrement. Quelques-uns sortent du lot, mais pour l’instant je me focalise sur mon avenir pro.
Quels conseils donnerais-tu à celles et ceux qui souhaitent se lancer dans l’aventure comme toi ?
Romain Assie-Rio ➖ De se lancer. Tout simplement. Il faut se dire que Lucien et moi n’avions jamais réalisé, ou même ne serait-ce qu’imaginer un projet de cette envergure. Quand on s’est lancé dans l’énorme organisation logistique que c’était, on était début Janvier, on avait tous les cours, et 5 mois et demi pour avoir une organisation viable ainsi que des fonds. Ca semblait totalement impossible. Pourtant, en investissant beaucoup (beaucoup) de notre temps libre dans ce projet, nous avons réussi à décrocher des bourses et de gros sponsors en 1 mois et demi.
Nous avons aussi fait un financement participatif et j’ai personnellement fais un prêt. Résultat, 6 mois après, nous étions dans un avion directement à Anchorage en Alaska, pour vivre une des expériences les plus marquantes de notre vie. J’ai écrit sur la peur de l’échec, et c’est aussi le sujet de notre film. Cette peur a tendance à nous paralyser, mais il faut être plus fort qu’elle et oser se lancer. Toutes les personnes qui ont fait de grandes choses ont à un moment de leur vie, osé. Ces personnes là, ont sans doute beaucoup auparavant. Ce que je veux dire par là, c’est que l’échec fait partie intégrante de notre future réussite.
Notre expédition s’est écourtée au bout de 26 jours car je me suis blessé à la jambe. Aujourd’hui, Lucien et moi connaissons mieux le terrain Alaskan, nous avons appris beaucoup de choses quant au rationnement et à la survie en milieu très sauvage, et surtout, nous avons appris de nos erreurs. Tout ceci, pourra nous servir pour une prochaine expé. Alors, à celles et ceux qui veulent se lancer, lancez-vous sans aucune hésitation, vous n’avez rien à perdre !
En ce qui concerne l’expé en elle-même, l’itinéraire de l’expédition de base était:
- Départ de Galena, village de 600 hab sur le Yukon.
- Descente du Yukon sur 500 km pour arrivé à Holy Cross. Le Yukon est un fleuve très sauvage pouvant parfois atteindre les 2 km de large! Nous avons dû faire face à la météo très capricieuse, qui nous a valu d’être bloqué sur une île de glaise pendant 2 jours. Nous étions constamment entourés d’animaux, même si on les voyait pas, on pouvait les entendre, ou tout simplement voir des traces fraîches tout le temps.
- Animaux que l’on a pu rencontrer de très près durant la phase de marche, notamment un ours noir à moins de 3m de nous. Mais nous avons aussi pu avoir quelques images d’élans..
La phase de marche devait nous conduire au très reculé glacier Shamrock, dans le but de prendre des images de l’impact du réchauffement climatique sur ce dernier.