Les Etats-unis vont vendre leur pétrole
Le Congrès a levé fin 2015 un interdit qui frappait les producteurs américains depuis quarante ans : celui d’exporter leur pétrole. Plusieurs navires ont déjà traversé l’Atlantique, direction l’Europe. Mais l’effondrement des prix du brut complique l’équation.
Theo T. » a débarqué à Marseille dans l’après-midi du 20 janvier. A treize ans, il a la même allure que la plupart de ses camarades : silhouette élancée, costume sombre, tempérament calme. « Theo T. » mesure 227 mètres et pèse 73 tonnes. C’est le premier navire à avoir traversé l’Atlantique avec une cargaison de pétrole brut américain depuis quarante ans. Une première historique, qui lui a carrément valu d’être rebaptisé « Liquid American Freedom » par les élus du Congrès.
Mais, pour les pétroliers américains, le voyage de « Theo T. » n’a pas seulement une valeur symbolique. Ce cargo est le résultat d’années de lobbying acharné à Washington pour obtenir la levée d’un interdit qui les frappait depuis 1975 : celui d’exporter leur brut. Cet embargo avait été instauré après le premier choc pétrolier pour protéger les consommateurs américains des variations de prix imposées par les pays de l’Opep. Mais, avec la révolution du pétrole de schiste, qui a doublé la production de brut américain en moins d’une décennie, la réglementation devenait intenable. Le retour de l’Iran sur le marché international du pétrole a achevé de clore le débat. « Il aurait été injuste que l’Iran puisse exporter du pétrole et pas les producteurs américains », résume le lobbyiste de l’industrie pétrolière George Baker.
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