Dubai, eldorado pour le « made in France »

Les entreprises françaises peuvent profiter d’investissements massifs dans les infrastructures à Abu Dhabi et Dubaï. Le golfe Persique est une zone stratégique pour l’export français. Globalement, au Moyen-Orient, Bercy espère une hausse des exportations de 66 % d’ici à 2022. En tête, les Émirats arabes unis, qui sont déjà le premier client de l’Hexagone dans la région. La manne pétrolière d’Abu Dhabi avec ses deux fonds souverains assis sur 655 milliards de dollars, ainsi que le hub régional, touristique et logistique, de Dubaï attisent la convoitise des entreprises françaises.

Un an après la visite de François Hollande, la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, effectue un déplacement de trois jours aux Émirats et à Oman pour vendre le «made in France». Il s’agit de consolider les positions dans un marché de plus en plus concurrentiel. Si l’Hexagone dégage un excédent commercial – 3,5 milliards d’euros d’exportations contre 1,2 milliard d’importations sur les onze premiers mois de 2013 -, la part de marché s’érode. Elle est tombée à 2,4 % contre 7 % au début des ­années 2000.

La bataille se joue de plus en plus avec les pays émergents. Le renouvellement des concessions pétrolières d’Abu Dhabi arrivées à terme le 10 janvier en est une illustration. Aujourd’hui, quatre majors – BP, ExxonMobil, Shell et Total – se partagent les 38 % réservés aux étrangers. Le reste étant exploité par la compagnie nationale ADNOC. Une dizaine d’entreprises étrangères, du Brésil, de Chine et de Corée du Sud, sont sur les rangs. L’enjeu est loin d’être négligeable pour Total, qui produit 140.000 barils-jour, soit 6 % de sa production totale. Nul doute que l’appel d’offres – dont les résultats ne sont pas attendus avant mars ou avril – sera au cœur de la rencontre entre Nicole Bricq et le ministre de l’Énergie.

Autre priorité de cette visite, le transport. ADP, Alstom, RATP, SNCF, Thales… Tous les fleurons français de l’aérien, du ferroviaire et du transport public sont du voyage. Pas moins de 7 milliards de dollars d’investissement sont prévus à court terme à Abu Dhabi dans le ferroviaire avec une ligne de métro et deux lignes de tramways.

Coopération financière

L’émirat veut rivaliser avec son voisin dubaïote. «C’est important pour eux d’avoir une vitrine, leur demande est particulièrement technologique, un point fort de nos entreprises», explique le ministère du Commerce extérieur. Les entreprises veulent aussi se placer dans la perspective de l’exposition universelle de 2020 à Dubaï. L’émirat prévoit d’investir 7 milliards de dollars avec des contrats à la clé dans le transport et l’événementiel.

Nicole Bricq va aussi discuter de coopération financière, enjeu clé dans le Golfe. «Comme nous l’avons déjà proposé aux autres pays de la péninsule, l’objectif est de pouvoir utiliser l’épargne pour financer des projets d’infrastructure en France et du crédit export», précise Bercy. En clair, que les dollars du Golfe soient investis dans l’appareil productif français et moins dans l’immobilier. La Caisse des dépôts est en négociation avancée avec Mubadala, le deuxième fonds souverain d’Abu Dhabi. Enfin, cette visite aura un volet touristique important, en particulier à Oman, au fort potentiel dans ce domaine, même si le sultanat affiche également des ambitions de devenir un hub de services.

Source: lefigaro.fr