Dubai, centre mondial du diamant
Un grand voyage dans la petite famille du diamant. Dubaï, Emirats arabes unis, ou l’ambition de devenir le prochain centre mondial du diamant.
Une série de Benjamin Bibas, Emmanuel Chicon et Jean-Philippe Navarre
Le diamant est-il vraiment éternel ? Soixante ans après le fameux slogan inventé par la De Beers, un état des lieux du microcosme du diamant, qui emploie 1.500.000 personnes dans le monde pour un chiffre d’affaires annuel de 66 milliards de dollars, semble nécessaire : fin d’un monopole axé sur le commerce Nord-Sud issu du colonialisme, émergence de nouveaux acteurs parmi lesquels une grande puissance asiatique affirme sa centralité, mise en place d’un processus de régulation internationale, massification des ventes d’un produit autrefois considéré comme luxueux, circulation planétaire de la monnaie à travers des paradis fiscaux et des réseaux discrets…
Episode 4 –Cheikh emploi service : Dubaï (Emirats arabes unis)
Surgie du sable en moins de deux ans, la Almas Tower (« almas » signifie diamant en arabe), haute de plus de 300 mètres, incarne à elle seule l’ambition de Dubaï de devenir le prochain centre mondial du diamant. Héritier d’une longue tradition marchande et d’un rôle ancien dans le commerce de biens précieux, les perles et l’or tout particulièrement, le petit émirat parie sur sa situation géographique idéale, à mi-chemin entre l’Afrique (premier producteur de bruts) et l’Inde (premier producteur de taillés) et sur sa proximité avec les marchés de détails à fort potentiel (le Golfe, les clients indiens, chinois…).
L’actuel dirigeant de Dubaï, Cheik Mohammed Bin Rashid Al Maktoum, a d’ailleurs su s’entourer de personnalités « compétentes dans leur branche » : quelques Anversois qui, sans doute lassés des tracas que subissait le secteur dans leur chère patrie, ont épousé la « vision » de « Cheik Mo », comme on le surnomme parmi les expatriés. Celui-ci gère également son émirat en PDG avisé : le futur « hub » diamantaire du XXIe siècle présente ainsi bien d’autres avantages qui en font un paradis… fiscal pour les amoureux du cristal de carbone. A Dubaï, on est peu regardant sur la valeur des pierres brutes et taillées qui entrent et sortent puisque les taxes sur les profits tiennent du mirage et que l’on y pratique un art consommé de la comptabilité pas trop analytique. Alors, la plupart des diamantaires du monde entier ont déjà réservé leur bureau – parfois leur étage – dans la Almas Tower et tout ce petit monde se dit que, décidément, les diamants brillent plus intensément sous le soleil du Golfe que sous la fameuse lumière du Nord.
Maintenant, le diamant ça se passe à Dubaï !
Le pétrole n’est pas éternel !
Afrique, Europe Asie, Dubaï est pile à mi-chemin entre ces 3 continents.
Remerciements tout particuliers à Jean Van der Donckt.
Avec Annie Dunnebacke, observatrice du Processus de Kimberley pour l’ONG britannique Global Witness ; Noora Jamsheer, ancienne directrice de la Dubai Diamond Exchange, actuelle directrice de l’ONG Developing Diamonds ; Maneesh Kothari, directeur de Allure Jewels Llc ; Peter Meeus, directeur de la section Diamants du Dubai Multi Commodities Center(DMCC) ; Rihen Mehta, directeur de la filiale dubaïote de la firme diamantaire indienne Rosy Blue ; Vijay Naynanni, bijoutier britannique d’origine indienne installé à Dubaï ;Nicolas Zouaghi-Maullet, avocat d’affaires au barreau de Paris ; Jean Van der Donckt, conseiller spécial affaires bancaires à la section Diamants du DMCC ; Violetta, vendeuse dans une prestigieuse boutique du Mall of the Emirates.
Source: franceculture