Disparition des vaches dans les Vosges
À Roderen, un troupeau de vaches laitières est décimé depuis 2014. Une concentration anormale de titane a été détectée dans l’une des prairies de l’exploitation. Mais il n’y a pas de certitude sur l’origine du mal.
L’affaire empoisonne la vie de Pascal Wolfensperger. En 1996, le jeune agriculteur avait repris la ferme de son père, Clément. Avec Pascal Bianchi, céréalier de Flaxlanden, il s’était associé pour créer en 2004 la GAEC des Collines : à Roderen, un troupeau de vaches laitières sur une exploitation de 130 hectares ; à Flaxlanden, les céréales.
Mais depuis, ses bêtes ont connu des problèmes de santé : le troupeau a été décimé par une mortalité hors norme. Des 140 vaches du début, il n’en reste qu’une trentaine. L’éleveur a alerté la Chambre d’agriculture et les autorités préfectorales sur la situation en novembre 2014. À ce jour, il ne connaît toujours pas l’origine précise du mal qui frappe ses vaches : pollution industrielle, pollution liée à une ancienne décharge, autre cause.
De multiples analyses ont été réalisées
Mandaté par la Dreal Alsace Lorraine Champagne-Ardennes, l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Inéris) a rendu un rapport de synthèse, le 22 juillet 2016, « en vue d’identifier les causes possibles de mortalités ». En préambule, l’administration précise que l’exploitation se situe « à 3 km des activités industrielles thannoises et du site de neutralisation » de Vieux-Thann, et sur le site « d’une ancienne décharge d’ordures ménagères associée à une zone d’équarrissage ».
L’Inéris rappelle que de nombreuses analyses ont déjà été effectuées et dont les limites sont pointées. « Entre 2014 et 2016, plusieurs matrices ont été analysées à l’initiative de l’éleveur ou de l’État, selon un programme analytique ciblé et parfois peu concordant. » Ainsi du lait, des poils d’animaux, l’ensilage, des compléments alimentaires, des sols superficiels, des poussières prélevées sur les brise-vent, le gaz du sol et de l’air ambiant, en dehors et à l’intérieur de l’étable, tout comme l’eau de forage ont été passés au crible.
Ces investigations « ont mis en évidence une eau souterraine servant d’abreuvage chargée en baryum, des déséquilibres métaboliques chez les animaux, la présence de parasites dans la panse des animaux morts, la présence de métaux dans les ensilages [le foin, NDLR], dont le titane, une concentration anormalement élevée en titane dans un sol de prairie située au nord à proximité immédiate de l’exploitation agricole » , constate l’institut. La prairie polluée au titane couvre une vingtaine d’hectares entre Roderen, Leimbach et Aspach-le-Haut.
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