De plus en plus d’accidents en montagne: effet « Kilian Jornet » ?

Suite à un nouvel accident tragique impactant un alpiniste parti en équipement de trail vers le sommet du Mont-Blanc (4 810m), et à l’arrêté municipal de Saint Gervais imposant un équipement minimum sur sa voie normale, les réactions ont fusé dans le milieu montagnard. Alors y a-t-il vraiment un effet « Kilian Jornet » en haute-montagne, comme le dénoncent certains acteurs ? 

Jeudi 17 août, le corps d’un alpiniste parti avec du matériel de traileur vers le sommet du Mont-Blanc, était retrouvé dans une crevasse sur l’arête des Bosses, dernière section de la voie normale. Il aurait été victime d’une chute dans la descente glacée de l’arête, qui se serait terminée tragiquement dans une crevasse à 25m de profondeur.

Un jour plus tôt, le lendemain de sa disparition signalée le 15 août, le maire de Saint-Gervais prenait un arrêté municipal imposant un équipement minimum pour s’aventurer sur la voie normale vers le Toit de l’Europe.

Mesure nécessaire ? Simple sortie médiatique ? La portée de la décision administrative interroge, tant son application paraît compliquée à mettre en œuvre. Tant son effet dissuasif paraît discutable. Mais la sortie de Jean-Marc Peillex, maire de Saint-Gervais, aura au moins eu le mérite d’ouvrir le débat.

A chaud, il y a d’abord eu (entre autres) la réaction, très attendue, de Kilian Jornet. Une provocation, sans doute, qui a fait sourire beaucoup de monde, mais qui a exaspéré d’autres acteurs du milieu. Piqué au vif, le maire de Saint-Gervais n’a pas tardé à répliquer sur Twitter.

Mais au-delà de cet anecdotique combat de coqs par tweets interposés, d’autres réactions ont eu le mérite de faire avancer le débat. Il a d’abord eu la prise de position, plutôt vindicative, du patron du Peloton de gendarmerie de haute montagne de Chamonix, Stéphane Bozon. Interviewé par le site Lyon Capitale, il y témoigne d’une recrudescence de traileurs dans des secteurs de haute montagne, hors des sentiers.

C’est le cas notamment, selon le gendarme, dans la montée au refuge de Tête Rousse (3 167m, premier refuge vers le Mont-Blanc), très prisée par les traileurs pour le volume de dénivelé vertical que la montée depuis la vallée leur propose. Une ascension qui se fait pour une grande majorité sur sentiers, mais avec une dernière partie en progression sur le glacier.

Stéphane Bozon va jusqu’à dénoncer un certain effet « Jornet » sur les pentes du Mont-Blanc :

« Au départ, il (Kilian Jornet, ndlr) était alpiniste. Mais (le message) qu’il véhicule participe de tout cela (l’inconscience de certains traileurs et alpinistes amateurs, ndlr). On savait que ça devait arriver. On en avait vu les prémices quand il a mis les images de son ascension en short, tee-shirt et baskets. On s’est dit : ça y est, on y est… Depuis quelque temps, le trail dans le couloir du Goûter commence à prendre. Les trailers montent de plus en plus en altitude. Mais le couloir du Goûter, c’est de l’al-pi-nis-me. Point ! L’effet Jornet, en voilà le résultat : un dévissage dans une pente glaciaire et, au bout, un mort. C’est le phénomène médiatique autour du trail en haute montagne. Courir sur les sentiers ça n’a rien à voir avec grimper en haute montagne », assume Stéphane Bozon dans les colonnes de Lyon Capitale.

Le constat du gendarme, sur le terrain tous les jours, semble irréfutable. Un effet « Jornet » serait donc observable de facto, sur certains itinéraires du massif du Mont-Blanc.

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