De l’eau dans le Sahara
Plus de trois décennies durant, ce gigantesque réservoir d’eau souterraine a permis le développement humain et agricole des régions du sud de la Tunisie, de l’Algérie et d’une partie de la Libye. Dans le Sahara, deux nappes d’eau douce superposées existent:
• La nappe de l’albien.
• La nappe du continental intercalaire.
La nappe de l’albien, la plus grande réserve mondiale d’eau douce, s’étend sur une zone entre l’Algérie, la Tunisie et la Libye et renferme entre 30 000 – 50 000 Billions de Litres d’eau.
La répartition territoriale de la nappe de l’albien est comme suit:
• Algérie : 70%.
• Libye : 20%.
• Tunisie : 10%.
Des milliers de points d’eau et de puits sont en cours d’exploitation dans ces trois pays maghrébins.
Dans les années 2000, les prélèvements annuels étaient estimés comme suit:
• Algérie: 1.500 Billions de litres.
• Tunisie: 0.550 Billions de litres.
• Libye: 0.450 Billions de litres.
Au vue des programmes de développement, ces quantités sont appelées à progresser avec le risque d’une exploitation sauvage qui pourrait réduire drastiquement ces réserves.
A cet effet, en avril 2005, l’Algérie, la Tunisie et la Libye avaient décidé de mettre en place un mécanisme de gestion concertée de leurs ressources en eaux profondes dans le cadre d’un projet de l’Observatoire du Sahel et du Sahara (OSS).
L’OSS est un organisme international créé en 1992 pour la lutte contre la désertification, et dont le siège se trouve à Tunis depuis 2000, présidé en alternance par la Tunisie, l’Algérie et la Libye.
Ainsi, un accord fut conclu entre la Tunisie, la Libye et l’Algérie pour la gestion équitable et raisonnable de cette nappe, dont le suivi a été confié à l’OSS.
Le deuxième gisement (albien intercalaire) s’étend sur une superficie de 7 000 km2 couvrant l’Algérie, la Tunisie et la Libye.
Ce gisement contient des eaux profondes et chaudes qui sont exploitées par la Libye depuis 1991.
Exploitation des hydrocarbures de schiste: Une menace pour les eaux du Sahara?
En cette période de vaches maigres, l’Algérie classée troisième au niveau mondial en termes de ressources en pétrole et gaz de schiste, risque d’être tentée par cette grande manne.
En effet, l’exploitation du gaz de schiste est autorisée en Algérie depuis la révision de la loi sur les hydrocarbures en mars 2013…Une loi tant contestée par la société civile.
Toute l’Afrique du Nord pourrait aussi emboiter le pas à l’Algérie en s’engageant dans l’extraction des hydrocarbures non conventionnels.
Au demeurant, cette idée a été reportée sine die, suite au grand mouvement de protestation populaire dans le sud algérien contre l’exploitation de ces gisements en début 2016…un mouvement qui n’est pas prêt de s’atténuer!
La raison invoquée, est que la nappe, jugée alors fossile, donc non renouvelable, risque d’être affectée par l’extraction de ces hydrocarbures.
Hélas, ce projet pourrait être relancé, surtout après la levée de toutes les restrictions à l’exploitation des énergies polluantes par le nouveau président américain D.Trump…Une décision qui pourrait faire des émules!
Et d’ajouter, qu’en 2013, selon une étude de l’IRD (Institut de Recherche pour le Développement) publiée dans « Geophysical Research Letters », les nappes d’eau du système aquifère du Sahara septentrional se renouvelleraient.
L’étude révèle que les eaux de pluies et de ruissellement alimentent annuellement la nappe d’environ 1.4 Milliards de litres couvrant ainsi 40% des 2.75 Milliards de litres prélevés annuellement d’après les données de l’OSS.
Il est vrai que cette réalimentation ne couvre pas la totalité des quantités d’eau douce extraites, mais la nappe de l’albien ne risquerait pas de tarir avant la fin du troisième millénaire!
source: huffpostmaghreb