Crise bancaire en Arabie saoudite
Un indice boursier au plus bas, des injections de capitaux qui ne produisent plus leurs effets, et des déposants qui retirent leur argent. L’Arabie Saoudite subit une vraie panne de son système financier, qui atteint désormais un seuil critique.
Le secteur bancaire du pays a littéralement la tête sous l’eau. Il est rattrapé en réalité par la forte baisse du pétrole, depuis le milieu de l’année dernière. Cette onde de choc a paralysé un par un les relais de croissance d’un pays qui dépend précisément à 60% pour son PIB des industries pétrolières et bancaires.
Tensions récurrentes
Et cette sorte de vague avec effet retard frappe de plein fouet un secteur bancaire déjà en situation de fragilité sensible, face à la défiance des investisseurs, notamment internationaux, qui redoutaient depuis des mois l’impact-pétrole. Les premiers signes sont apparus en février dernier, avec des tensions sur le marché interbancaire, et des indices qui montraient clairement que certaines banques, même parmi les plus grosses, connaissaient des problèmes de liquidité.
En gros, presque plus d’argent en caisse pour assurer les opérations courantes. Cela a conduit la banque centrale du pays à une première série d’injections au printemps. Le système bancaire du pays a de nouveau respiré, mais des signes de blocages ont a refait leur apparition pendant l’été.
Les raisons de ces blocages sont claires. Un pétrole moins cher signifie une forte baisse des rentrées d’argent pour le royaume, ce qui a provoqué d’importantes coupes budgétaires ces derniers mois. Tout cela a mis à terre le secteur public, très gros contributeur du PIB saoudien, et réduit la croissance à quasiment zéro. Les économistes prévoient tout au plus 1% cette année, la plus faible croissance depuis 7 ans.
Prêts d’urgence
Et, pour assainir ses finances, l’Arabie Saoudite retire des masses d’argent considérables des banques dans lesquelles il possède des comptes. Ce qui du coup provoque aussi une forte baisse des dépôts des particuliers, et au final une vraie panne sèche de liquidités. La Banque Centrale a donc décidé de réinjecter de capitaux dans le système financier à la fin de la semaine dernière, 5.3 milliards de dollars à travers des prêts d’urgence à 1 mois.
Là encore le soulagement aura été de court terme, et l’indice Tadawul a encore signé de nouveaux plus bas ces dernières heures, juste avant les fêtes du nouvel an islamique. « Dans le sillage, tous les secteurs domestiques sont touchés » explique Abdulhamid Al-Ameri, économiste de marché saoudien. « Les biens de consommation, l’électricité, les médias, les transports… tout ce qui est touché de près ou de loin par la panne de crédit ».
Les économistes sont très divisés sur le diagnostic, alors que le pays a en plus décidé d’une grande réforme économique à long terme, pour être moins dépendant du pétrole, mais qui aura des conséquences structurelles à long terme.
Soif de capitaux
L’Arabie Saoudite attend donc beaucoup de sa première très grosse émission obligataire, qui doit avoir lieu ces prochaines semaines, pour désenclaver son système bancaire. L’ouverture partielle du capital du pétrolier national, le géant Saudi Aramco, apportera elle aussi des capitaux bienvenus. Mais en attendant le pays reste dans une situation économique précaire, et compte bien profiter de la stabilisation des prix du pétrole du côté des 50 dollars.
On comprend mieux dès lors la position un peu plus souple du pays dans ses négociations avec les autres pays de l’OPEP, qui ont amené à l’accord historique d’Alger.