Conseils pour créer sa société à Dubai
Il est possible de créer son entreprise aux Emirats plus vite que n’importe où ailleurs au Moyen-Orient. Voici des conseils pratiques et des témoignages qui vous aideront à démarrer et à surmonter les éventuels obstacles.
Il est plus facile de monter une affaire aux Emirats arabes unis que partout ailleurs au Moyen-Orient. Le rapport 2016 de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires classe le pays à la 31e place, loin devant ses voisins, Bahreïn (65e), Qatar (68e) ou Arabie Saoudite (82e). Ses atouts : les nombreuses zones franches, la qualité des infrastructures, l’absence d’impôts, la modicité des droits d’importation et la situation stratégique. Selon le rapport de la Banque mondiale, 8 jours et 6 démarches administratives suffisent pour monter une société aux Emirats, contre 18,8 jours et 8,2 démarches ailleurs au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, la moyenne mondiale étant de 8,3 jours et 4,7 démarches.
Cela dit, monter une affaire aux Emirats nécessite de surmonter certains obstacles propres au pays. Revue de détail et témoignages d’entrepreneurs passés par là.
1. Se préparer aux formalités
“Le plus important, ce sont les formalités”, prévient Rachel McArthur, directrice générale de Digital Ink, un fournisseur de contenus numériques installé à Dubaï, dans [la zone franche de] Dubai Silicon Oasis. “Il existe des tas de guides pratiques sur l’installation aux Emirats mais, en fait, vous ne connaîtrez les étapes de la création d’entreprise qu’une fois que vous vous y serez frotté. Au début, je devais souvent faire deux fois le trajet jusqu’au service clients [de la zone franche] parce qu’il me manquait tel ou tel document ou parce que j’avais oublié de régler certains frais. Et j’ai vite pris l’habitude d’avoir le tampon de la société sur moi en permanence : on en a besoin pour tout un tas de papiers !”
2. Ne pas lésiner sur l’investissement de départ
Des exigences en termes de capital versé à l’obligation de posséder des locaux professionnels, en passant par les droits de licence, les entrepreneurs doivent réserver jusqu’à 36 730 dirhams (8 900 euros) pour leurs frais annuels, selon le type de société qu’ils souhaitent créer.
“Le coût d’une installation nous a fait hésiter à nous développer sur ce marché”, confie la Singapourienne Jaya Maru, 33 ans, fondatrice du site de fitness Flabuless, qui possède un bureau [dans l’émirat de] Fujaïrah. “Heureusement, ce choix s’est avéré payant et nous avons de bons clients et de bons partenaires qui nous font confiance.” Jaya Maru compte aujourd’hui plus de 50 clients, dont la banque Machrek et la chaîne Intercontinental Hotels.
3. Ne pas trop compter sur les banques
Beaucoup d’entrepreneurs ont dû puiser dans leur bas de laine ou emprunter de l’argent à leurs amis et à leurs proches pour se lancer. De fait, les banques émiraties n’aiment guère prêter aux start-up, préférant étudier les résultats de l’entreprise sur plusieurs années avant de lui accorder un prêt.
“La difficulté d’accès au crédit est un obstacle pour les PME les premières années”, confirme Navin Navendran, entrepreneur indien qui a lancé GoLive en 2014. Sa société, implantée dans la zone franche de DMCC [Dubai Multi Commodities Centre], crée des applications mobiles visant à faciliter la vie des salariés et des consommateurs. “Les banques disent qu’elles aident les entreprises, mais la plupart demandent un chiffre d’affaires minimal de 2 millions de dirhams [480 000 euros]. Si nous faisions un tel chiffre, nous irions sans doute voir ailleurs pour lever des fonds.”
4. Savoir se vendre 7 jours sur 7
Les Emirats ont l’un des meilleurs taux de pénétration d’Internet et possèdent des infrastructures technologiques d’excellente qualité, ce qui en fait une destination idéale pour les start-up connectées. Toutefois, certaines sociétés, notamment celles qui s’appuient sur les réseaux sociaux, risquent d’avoir du mal à franchir les étapes de l’immatriculation et à obtenir une licence.
Alan Devereux, ressortissant britannique qui a lancé Cave Chalk, une société immatriculée [dans l’émirat d’] Oumm al Qaïwaïn en est un exemple. “Ce qui est compliqué, c’est que l’Etat prend la dénomination commerciale au sens littéral du terme, se souvient-il. Quand il a fallu demander une licence, on a eu du mal à expliquer ce qu’était une société spécialisée dans les réseaux sociaux. Finalement, le nom de licence n’est pas la dénomination commerciale. Le problème se représente chaque année à l’occasion du renouvellement [de la licence], quand l’inspecteur demande à voir les bureaux et les ordinateurs, alors que Cave Chalk est une entreprise du web et que nous travaillons de chez nous. Nous n’avons pas besoin de bureau.”
5. Dénicher les talents
La situation géographique des Emirats, au carrefour de trois continents, et leur interaction avec le reste du monde y ont attiré des professionnels de près de 200 pays. Pourtant, réunir la bonne équipe tient parfois du parcours du combattant.
“Trouver les bonnes personnes n’a rien d’évident, explique Jaya Maru. Surtout pour les start-up, parce qu’il faut trouver des gens qui croient dans votre projet. Il m’a fallu plus de quatre mois de recherche et j’ai dû rencontrer 30 candidats avant de faire ma première embauche à Dubaï.”
6. Trouver les bons conseillers
Les autorités qui délivrent les licences ont toutes leur site web, sur lequel on trouve des informations détaillées sur l’immatriculation, les frais applicables et la réglementation en vigueur, mais certains créateurs d’entreprise estiment que la procédure gagnerait à être simplifiée.
“Le processus de création d’entreprise manque de clarté, résume Jaya Maru. Quand on monte sa société, on a tendance à faire un maximum de choses soi-même pour limiter l’investissement de départ, se donner le temps de voir s’il existe un marché pour le service qu’on propose et amorcer le flux de trésorerie. Mais naviguer à travers les procédures et tout faire soi-même peut être lourd : on est quasiment obligé de faire appel à des professionnels et de travailler avec des sociétés spécialisées dans l’aide à la création d’entreprise pour se lancer. Ce serait une bonne chose que les procédures soient simplifiées et que l’on puisse tout faire soi-même. En ligne, de préférence.”
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