C’est quoi l’alpinisme?

Quels sont les plaisirs de l’alpinisme ? Pourquoi en revient-on transformé ? Récit d’une expérience pas comme les autres dans le Mont-Blanc en 1976. En 1976, je pouvais prétendre être un bon grimpeur de falaise. Les pieds comprimés dans des EB d’une taille au moins sous ma pointure, je passais « en tête » les voies difficiles du Caroux, de Buis, de Buoux ou des calanques et j’étais devenu un habitué de l’Escalès, dans les Gorges du Verdon, alors à peine défrichées par les premiers grimpeurs.

Qui n’a jamais ressenti cette vague d’adrénaline qui s’insinue dans le corps, cette concentration extrême, cette lucidité d’animal sauvage qui métamorphose les sensations au moment de quitter une position stable vers une prise incertaine ne peut pas vraiment comprendre ce que signifie « grimper en tête ».

La perception d’une chute possible. Le jeu qui n’en est plus un. Et ce dernier piton, trois mètres plus bas, qu’on regrette d’avoir sauté parce que ça semblait facile et qui place maintenant le précédent à plus de cinq mètres… « Fais gaffe, c’est fin.. » lance-t-on à l’adresse du second dont on ne distingue plus que le casque blanc, vingt mètres plus bas.

« Le mou, doucement… » Et lentement le corps se déplie, l’équilibre change, les muscles se tendent. La main parvient à saisir une aspérité qui s’avère finalement plus accueillante qu’on le craignait. Le nouvel équilibre libère le pied droit qui se hisse rapidement sur une barrette de quelques centimètres carrés pourtant extrêmement confortable. On se redresse. Un nouveau piton est là.

Le pas est franchi. La corde est libre à nouveau témoignant imperceptiblement du soulagement de son coéquipier. Une sangle, deux mousquetons et l’on a déjà oublié le risque que l’on vient de prendre. Lire la suite sur Nouvelobs