Catherine Poulain, exploratrice en Alaska – Emission Radio
Depuis les conserveries d’Islande aux bars de Tokyo dans lesquels elle a travaillé, Catherine Poulain est une aventurière aux nombreuses vies. Elle est aujourd’hui romancière.
Son premier roman, « Le grand Marin » raconte ses premiers mois de pêche en Alaska où elle a vécu dix ans. Entretien.
Elle hésite entre son désir de vie et sa pulsion de mort… Voulait-elle mourir en partant pour l’Alaska ? « Oui peut-être, répond-t-elle, aller au bout du monde et sauter ». Son projet : partir en Alaska, puis y exercer l’activité probablement la plus dangereuse : « la pêche », et pour elle, la pêche, c’était « aller voir la mort en face. »
On sait très peu d’elle : dans le roman elle est « Lili ». « Ce n’est pas un récit journalistique, et il faut que ce petit personnage soit comme les autres, [elle] arrive en Alaska parce qu’elle fuit ou qu’elle recherche quelque chose d’autre. Rien de plus important que ça. »
« C’était très important de garder une trace de tout ce que je voyais »
De ses aventures, elle a gardé minutieusement le souvenir, grâce à ses notes. « Moi j’ai toujours tenu des carnets. C’était très important de garder une trace de tout ce que je voyais, de tout ce que je ressentais ; parce que c’était surtout du ressenti, c’était le monde physique, c’est ça que je voulais connaître avant toute chose. Il fallait donc garder des notes, [même si] je ne savais pas à quoi ça allait me servir».
« Ne pas s’avouer qu’on a mal, (…) y aller, ça fait partie de l’apprentissage. »
Faire table rase, se dérober du passé, trouver un expiatoire. Etait-ce la motivation de Catherine Poulain? « On m’a déjà dit ça auparavant. Je ne sais pas… (…) moi je vois plutôt le combat. Se battre contre ses propres démons, se battre contre ses propres limites, contre ce petit corps qui toujours, gêne. Qui toujours gémit, qui toujours est fatigué. Ne pas s’avouer qu’on a mal, (…) y aller, ça fait partie de l’apprentissage. Aller toujours au-delà, arriver à trouver sa place, s’intégrer et passer toutes les épreuves…»
« Pour nous, (…) tout est dans l’excès, tout est dans la fureur. »
« Le personnage a l’impression d’avoir trouvé la vie, la vraie vie, [dans laquelle] il y a la mort aussi ; et oui : plutôt mourir que de retourner à l’ancienne vie, (…) cette petite mort quotidienne, cette petite vie de résignation, cette petite vie de compromis. Pour nous, (…) tout est dans l’excès, tout est dans la fureur. (…) Il ne s’agit pas d’une expérience, il s’agit de vivre. De vivre à fond. La mort ce n’est pas grave, ça n’est qu’un pari, et c’est important justement de jouer avec la mort, c’est là que la vie prend toute sa valeur et toute sa beauté »…
Source: franceculture