British Petroleum en Algérie

Le groupe pétrolier britannique British Petroleum (BP) a décidé de renoncer à vendre ses actifs en Algérie. C’est Youcef Yousfi, ministre de l’Énergie et des Mines qui l’a fait savoir, dans un entretien à l’Agence d’information financière américaine « Dow Jones ». « BP ne veut pas partir. BP a décidé d’annuler son plan de cession », a-t-il notamment déclaré dans un contexte international marqué par une relative instabilité du marché pétrolier et gazier.
Le ministre de l’Energie a indiqué à l’agence « Dow Jones » qu’il n’avait pas d’explication au motif de la décision de BP de mettre fin à la vente qu’il envisageait. Mais, selon la même source, il a suggéré que le géant pétrolier n’avait plus besoin d’argent pour un programme de cessions lancé après la catastrophe provoquée par le déversement de pétrole dans le golfe du Mexique, l’an dernier. « On peut imaginer qu’ils soient conscients du potentiel profit dans leurs actifs pétroliers et gaziers et aient décidé de rester », a déclaré M. Yousfi. L’entreprise avait prévu de vendre dans le cadre d’un plan de 30 milliards de dollars d’actifs destinés à couvrir les frais de la marée noire du golfe du Mexique. La vente d’actifs « n’était pas liée à la situation en Algérie… Peut-être ont-ils résolu ce problème », qu’ils prévoyaient de résoudre en vendant des actifs pour couvrir les coûts du golfe du Mexique déversement, a encore indiqué M. Yousfi, cité par l’agence « Dow Jones ».
DISCUSSIONS AVEC SONATRACH
Au début de l’été dernier, Akli Brihi, président de BP Algérie annonçait des « investissements de 2,3 milliards de dollars dans les travaux d’exploration en Algérie et dans les gisements de gaz d’In Salah et d’In Amenas, afin de maintenir la production de ces champs à hauteur de 18 milliards de m3/an, leur capacité actuelle, pendant au moins 10 ans ». Même après la catastrophe de DeepWater (golfe du Mexique), Akli Brihi, maintenait ses propos. En Algérie, BP a deux grands projets de gaz naturel. L’un à In Salah, dans le désert du sud du Sahara, et l’autre à In Amenas. BP participe également au projet de Rhourde El Baguel avec la compagnie nationale Sonatrach. M.Yousfi a d’ailleurs confirmé à l’agence « Dow Jones » que sur ce projet il est question d’une « extension » et que des négociations sont en cours, mais sans donner de précision. Des observateurs croient savoir qu’il s’agirait d’un projet dans lequel BP apporterait sa maîtrise de la technologie de l’extraction du gaz de schiste.
Evoquant le contexte des bouleversements sociopolitiques actuels dans le monde arabe, l’agence « Dow Jones » écrit que « certains experts se demandent si l’approvisionnement en pétrole pourrait être menacé dans le reste du Moyen-Orient et en Afrique du Nord ». Pour sa part, cité par cette même agence, M. Yousfi a souligné que, même au cours d’une vague d’attentats terroristes dans les années 1990, le pétrole algérien et la production de gaz n’ont pas été affectés. » Même pendant la période difficile des années 1990, lorsque nous avons eu une très forte activité terroriste, il n’y a jamais eu aucune perturbation dans le secteur, a-t-il dit.
EVACUATION DE LA LIBYE
BP reste donc en Algérie mais quitte la Libye voisine. Le groupe britannique BP y emploie en tout 140 personnes qu’il est en train de faire évacuer. BP est présent dans ce pays depuis un accord d’exploration pétrolière conclu en 2007 avec la compagnie pétrolière nationale libyenne, la NOC. Le groupe britannique ne produit pas encore d’hydrocarbures en Libye, et n’a procédé pour l’instant, à aucun forage sur place. Il a dû suspendre la préparation de forages dans l’ouest du pays, et la révolte en cours pourrait également l’obliger à repousser une série de forages au large des côtes libyennes, qui devaient démarrer en milieu d’année dans le golfe de Syrte.
Oualid Ammar
Source : Le Quotidien d’Oran