Ascension de l’Everest: Tenzing et Hillary
Extraits de « 50 ans sur l’Everest », par le conseiller de rédaction David Roberts, National Geographic Adventure, avril 2003. De nos jours, l’expédition britannique de 1953, menée manu militari par Sir John Hurt, serait jugée excessive, surtout en raison de l’ampleur démesurée du chargement : 350 porteurs, 20 sherpas, et des tonnes de provisions pour subvenir aux besoins d’une équipe de dix alpinistes.
« Nos alpinistes étaient tous potentiellement capables d’atteindre le sommet », rappelle George Band, 73 ans, un des membres du groupe. Cinquante ans plus tard, Band se souvient encore nettement du périple.
« À l’origine, le plan consistait à tenter deux ascensions du sommet, chacune réalisée par deux alpinistes. Une troisième montée était envisagée si nécessaire. Au cours de telles expéditions, le leader a tendance à désigner les binômes de grimpeurs assez tard, après avoir évalué les performances de chacun ». Cette nomination pour le départ vers le sommet suscite encore une certaine anxiété, devenue inhérente à chaque expédition majeure pour l’Everest au cours des décennies suivantes. Or, l’enjeu n’avait jamais été aussi élevé.
Vers le printemps 1953, l’ascension du plus haut sommet du monde semblait de plus en plus inévitable. Après la première tentative de 1921 par les Britanniques, l’Everest a repoussé au moins dix expéditions majeures et deux essais insensés en solo. À la suite de la découverte en 1950 d’un accès par le sud de la montagne au Népal, pays ouvert depuis peu sur le monde, et après la première ascension de la capricieuse cascade de glace du Khumbu l’année suivante, un chemin vers le sommet a été repéré. Il sera connu dans les années 1990 sous le nom de « route de brique jaune ».
Les Suisses semblaient en bonne voie de toucher au but. En 1952, une importante équipe suisse, dont faisait partie le légendaire alpiniste Raymond Lambert, avait gravi la route escarpée menant au sommet du Lhotse, puis atteint le col Sud. A partir des hauteurs de cette large crête, Lambert et le sherpa Tenzing Norgay ont ensuite poursuivi jusqu’à 8 598 mètres d’altitude sur l’arête sud-est avant de faire demi-tour. Personne n’avait jamais grimpé aussi haut.
Alors, les britanniques, plus déterminés que jamais à profiter au maximum de leur offensive du printemps 1953, embauchèrent Tenzing, 38 ans, comme chef des sherpas, ou sirdar. Les précédentes expéditions britanniques, bien qu’impressionnantes, présentaient souvent un caractère informel. Toutefois, l’assaut minutieusement planifié de Hunt présentait du professionnalisme. « Arriver le plus vite possible avec le plus de moyens possibles », a observé Ken Wilson, expert en alpinisme. « Cette philosophie s’accordait parfaitement avec l’esprit du chef, un officier militaire qui n’était pas venu pour animer un club d’amateurs en alpinisme ».
Dès le début, Edmund Hillary (pas encore Sir Edmund), apiculteur de 33 ans, était fortement pressenti pour l’ascension vers le sommet. « C’était sa quatrième expédition dans l’Himalaya en seulement deux ans et il était au meilleur de sa condition physique », déclare Band. Les pics glacés de sa Nouvelle-Zélande natale ont été un parfait terrain d’entraînement pour l’Himalaya. Hillary s’est fait un nom très tôt dans l’expédition, car il a mené l’équipe qui s’est frayé un chemin à travers la cascade de glace du Khumbu. « C’est un homme qui retrousse ses manches et met la main à la pâte», affirme M. Wilson.
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