Après le McKinley, ce sera l’Everest
Bouchra Baibanou est une femme obstinée, elle qui est à deux doigts de réaliser son rêve le plus cher, celui de devenir la première femme marocaine et arabe à atteindre les sept sommets les plus culminants au monde. Architecte de profession, cette férue d’alpinisme et de randonnées en grande nature s’est lancée un pari fou en 2011, après avoir découvert le projet intitulé «Messner» (qui consiste à escalader le sommet le plus culminant de chaque continent). Ainsi, elle s’est vue embarquée dans une aventure extravagante et grandiose, qui l’a menée vers le Kilimandjaro en Afrique (5.895 m, avec son époux pour le baptême de feu), au Mont Blanc (4 810 m, le sommet le plus élevé en Europe de l’Ouest), ensuite l’Elbrouz en Russie (5.642 m, le plus élevé en Europe) et l’Aconcagua (6.960 m, le plus haut sommet de l’Amérique latine qu’elle a réussi en deux temps). Aujourd’hui, Bouchra est à 8.850 mètres (hauteur de l’Everest) de l’extase, car elle vient de vaincre l’avant-dernier sommet de la liste : le McKinley ou Denali (6.194 m en Alaska, États-Unis), sommet le plus haut du continent nord-américain. Elle fait à présent partie des 32% d’aventuriers ayant tenté et réussi l’escalade de ce sommet.
Une épreuve plus exténuante que ses précédentes
La dernière expédition effectuée par Bouchra était bien plus exigeante que ses précédentes, comme nous l’explique la vaillante aventurière : «Il y avait constamment des tempêtes de neige et il faisait toujours froid, on s’est habitué à -15 °C, la température baisse jusqu’à -20 °C ou -30 °C le soir». Aussi, Bouchra devait-pour la première fois depuis qu’elle a commencé ses défis-transporter ses bagages elle-même : «Au départ, on utilisait des slides jusqu’à atteindre les 4.000 mètres, mais ensuite il fallait tout transporter en sac à dos jusqu’au camp supérieur, niché à 5.200 m. Sachant que cette zone est critique et dangereuse, on devait aussi supporter le fait de marcher avec un lourd sac à dos de 25 kg sur une pente de 55° en s’aidant par des lignes fixes et après sur une crête très étroite. Le vent s’invite aussi pour élargir l’éventail des dangers parsemant la montée». Bref, une vrai partie d’horreur pour le commun des mortels et des heures de dur labeur pour les alpinistes les plus aguerris. Après s’être délectée de la vue sublime, perchée sur le sommet, Bouchra devait redescendre, un autre calvaire : «On a dû traîner le pied pendant deux jours de tempête de neige, la descente était très difficile. Cela nous a pris 14 heures pour enfin accéder au camp de base».
Au pied de l’Everest
Au-delà de revêtir des airs de supplice, le périple de Bouchra était aussi une occasion de découvrir un paysage et un climat à part entière, avec ses facettes les plus belles : «On se sent vraiment minuscule devant cette montagne majestueuse et la succession entre jour et nuit est assez particulière là-bas : il faisait jour pendant presque l’intégralité du temps, le coucher de soleil n’ayant lieu qu’à 23 h 30 parfois. Pas besoin de lampe frontale donc», et les moins commodes : «Un jour j’ai oublié mon dentifrice et mon écran dehors et je me suis retrouvée avec deux blocs de glace inutilisables». À la question de savoir quand est-ce qu’elle s’attaquera au plat de résistance, le Toit du monde (l’Everest), Bouchra paraît sceptique, mais sans une once de découragement : «Il faudrait d’abord que je réussisse à trouver des sponsors, mais je compte cravacher pour le faire l’année prochaine». En effet, Bouchra a perdu le soutien de l’un de ses deux partenaires, ce qui n’est pas de bon augure avant une expédition au Tibet, car il faudrait prévoir une somme avoisinant
le million de dirhams. On ne peut qu’espérer que ce porte-étendard de la femme marocaine puisse arriver à ses fins, aussi extrêmes soient-elles.
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